Dans le dedans de l'été, il y a comme un noyau nocturne qui résiste. Un bloc de froid. Vous l'ignorez, vous qui passez trop vite. Vous vivez alentour. Vos yeux s'attachent aux reliefs dociles. Le soleil vous aveuglera. Il déjouera vos plans, vos promesses. Vous pourrirez contre la paille, avec vos fruits. Vous retournerez à la terre qui vous répugne. Vous serez ce morceau de gel qui dure dans un trou.
Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit (1967 - 1992), Gallimard, 2006