C'est un vieux débat de linguistes: cette expression, consacrée, signifie-elle que l'Hébreu est une "langue sainte" ou "une langue de sainteté"?
La frontière entre les deux interprétations, mieux qu'un mur, sépare des routes divergentes.
L'une aboutit bien vite à la certitude, au dogme, à l'autorité, tandis que l'autre chemine rêveusement entre doute et recherche.
Sur du vent - Page 326
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Hébreu, langue sainte
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Ephéméride
Veille de Toussaint
Se pose une mouche grise
sur l'éphéméride
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Place de la Gare
Sur les palissades des chantiers de voirie, on trouve des panneaux décrivant la nature des travaux entrepris.
Je connais une ville moyenne française qui rénove les abords de sa gare SNCF.
Le panneau correspondant, rédigé il y a cent ans, aurait annoncé la "rénovation de la place de la gare".
Tandis qu'aujourd'hui, on peut y lire: "Réhabilitation du Pôle d'Echange Multimodal".
On a beau savoir que c'est la même chose, ça vous a quand même une sacrée gueule...
Vive le P.E.M.!
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Histoire du mail
Le cas du mot "mail" mérite qu'on s'en mèle.
Désignant tout d'abord en anglais le courrier postal, la lettre, "mail" a évolué en e-mail pour désigner l'électronique courrier.
Puis l'e-mail s'est abrégé en "mail", sa forme d'origine, mais avec une modification du sens, l'aspect électronique devenant implicite.
Parallèlement, l'"adresse de messagerie" est insupportable au locuteur moyen: un octo-syllabe, c'est trop pour la vie qu'on mène. Elle est devenue "adresse mail" puis "mail" tout court comme dans l'expression qui fleure bon le vécu: "c'est quoi ton mail?".
C'est ainsi qu'en partant d'un mot, on arrive au même mot, mais revêtant deux significations, elles-mêmes différentes de celle d'origine.
Pour peu, comme c'est souvent le cas, que le reste de la phrase soit constitué d'ellipses et de sous-entendus, on obtient un langage où le flou domine.
Alors que le langage, comme le droit, devrait servir à apporter de la sécurité aux rapports humains, il véhicule ici de l'imprécision, qui traduit peut-être celle des esprits.
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De Bernard NOEL: sur les morts
Les morts ont toute la mort
nous une vie
(La Rumeur de l'Air, Ed. Fata Morgana)
Sommeil profond
pendant les va-et-vient du chien
L'hiver s'approche
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De Martin RUEFF: tous et chacun
"le poète transforme la langue de tous en souvenir de chacun"
Un entonnoir, où les paroles communes débouchent immanquablement dans chaque oreille...
Faire une résonnance neuve, avec de vieux métaux...
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De Jean Monod: la vitesse de l'idée
« Quand l'idée va plus vite que la langue, le coeur peut musarder. L'oeil ne cherche plus le point où tout converge par-delà l'horizon. Ce point est devenu un papillon. La belle entrevue, intouchée, descend volontiers les marches du temple...
...Ce monde au coeur duquel vit un regard, ce continent, cette île, née de l'amour d'une idée pour un penseur, est un poème. »
(dans Lumière d'Ailleurs, éd. Les Editeurs Evidant)
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De Jean MONOD
« ...ce qui pour les uns est maladie pour l'autre est chant
...être poète en temps de famine, c'est, chantant, dire ce dont on se nourrit »
(dans Lumière d'Ailleurs, éd. Les Editeurs Evidant)
En temps de sécheresse, ce serait épouser le brin d'herbe...