Les brasseries sont prometteuses, lorsqu'elles annoncent leurs menus et plats du jour inscrits à la craie. Pour l'habitué, c'est le gage d'un fréquent renouvellement des mets.
Malheureusement, il retrouvera chaque jour les éternelles bavettes à l'échalote, entrecôtes-frites et soles meunières...
Sur du vent - Page 327
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Plat du jour
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Jacques DUPIN et le mur
Le prisonnier ne prononce pas le mot mur
même lorsqu'il écrit sur
(De Jacques DUPIN dans Coudrier - éd. P.O.L.)
... ni la palombe le mot ciel, même si le feu du chasseur peut l'y fixer pour l'éternité
ni le pêcheur le mot mer, même quand elle hante ses yeux
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Pascal QUIGNARD au pays des proverbes
Dans une de ses rêveries "sur le jadis", P.QUIGNARD voit les proverbes comme des stalagtites, humidité figée du langage aux parois du temps. Comme des désinences, fruits de la perception des choses et du hasard, arrêtées en un instant précis, et exposées comme en un musée dans la mémoire commune.
Les proverbes logent dans des cavernes à l'odeur de peau d'ours, où l'on ne saurait confondre la proie et son ombre, où l'amoralité ne profite jamais.
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Promotions commerciales
Avez-vous remarqué, ces dernières années, la forme prise par les remises commerciales affichées aux devantures de toutes sortes de commerces?
Partout où l'on annonçait jadis "-20%", on lit désormais "2 mois gratuits".
Que nous apprend ce glissement? Que peut traduire ce mouvement qui nous fait évaluer aujourd'hui en temps ce qui s'appréciait autrefois en valeur?
Peut-être que la valeur ne nous est plus rien, maintenant que nous pensons tout avoir, "tout" signifiant ici l'internet haut débit, six heures mensuelles de téléphonie mobile et une complémentaire santé.
Alors, la seule richesse qui reste à convoiter, le denier Pérou à conquérir, est le temps. Et comme le temps n'est pas extensible, tout au plus on peut espérer s'en approprier des morceaux, sans bourse délier...
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Les bons comptes
A la une d'un quotidien régional: "Deux ans de prison ferme pour avoir tabassé un ami".
Et pour un ennemi? Un an? ou trois?
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Le raton-laveur, espèce à protéger
L'expression "inventaire à la Prévert" est probablement la seule couramment utilisée dans la langue française à être tirée de la poésie contemporaine.
Un facheux indice de la part que celle-ci prend dans nos vies quotidiennes...
La poésie classique est mieux lotie, consacrée par les siècles, et par de vieux maîtres aux cols amidonnés, eux aussi disparus.
Dans une génération, entendrons-nous encore des conversations agrémentées de "as-tu du coeur?", "dansez maintenant", "heureux qui, comme Ulysse..."? -
Haïku de pub
Un fer à cheval
fixé sur la boîte aux lettres
Pas de pub merci
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Avec le Viagra, on s'pâme
La règle millénaire qui veut que, toujours, les voleurs ont une ruse d'avance sur les gendarmes, se vérifie aussi dans l'ultra-modernité des spams qui encombrent nos boîtes de messagerie.
Celles-ci accueillent parfois des messages publicitaires, prétendant généralement augmenter nos performances, qu'elles soient informatiques, financières ou sexuelles. Le moyen de contrer ces assauts, gênants quoique généreux, réside notamment dans l'emploi des règles de message prévus par les logiciels de messagerie: si un courriel arrive avec pour objet Viagra, logiciel ou money, on peut le détruire avant qu'il ne vienne heurter nos yeux délicats.
Alors, avec malice, pour contrer nos préventions, les auteurs de spams modifient l'objet de leurs messages: Viagra devient par exempleVIAeGRiA. Le nom Viagra est bien lu, malgré l'ajoût de lettres minuscules.
Malheureusement nos adversaires sont des robots, à qui l'on n'a pas enseigné la poésie, et jamais nous ne recevrons de messages intitulés VItAGRéAble, LOGeauICIEL ou MONkEY...