L'insecte est très exactement une créature petite au point de ne pouvoir être découpée.
L'étymologie est donc ignorante de la cruauté des enfants...
Sur du vent - Page 323
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QUELQUES PATTES DE MOUCHES…
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La VIE en FACE
On lit en conclusion d'un poème de Jean FOLLAIN, publié en 1937:
"Il ne s'agit pas de panégyrique, ô poète
mais de dire les choses
telles qu'elles sont"
Avec FOLLAIN, on est déjà dans la poésie contemporaine, et on ne peut que souscrire au principe qu'il énonce.
Toutefois, on peut imaginer que, s'il a eu l'occasion de dire en public son poème, il l'a déclamé avec force trémolos.
C'est l'avantage de l'écrit, moins soumis au poids des modes. -
Les STELES aux IDEOGRAMMES
De Victor SEGALEN, dans sa préface à "Stèles", à propos des caractères chinois:
"Ils dédaignent d'être lus. Ils ne réclament point la voix ou la musique. Ils méprisent les tons changeants et les syllabes qui les affublent au hasard des provinces. Ils n'expriment pas; ils signifient; ils sont."
Kenneth WHITE (in Segalen, théorie et pratique du voyage) voit dans cette conception de l'idéogramme les principes de l'écriture poétique de SEGALEN:
"Mais... il lui fallait encore trouver - puisqu'il n'avait pas vraiment recours à l'idéogramme, sinon en épigraphe, comme un sceau d'éternité, et qu'il ne pouvait par conséquent se servir des formes qui y étaient associées - une forme bien à lui, qui confèrerait à son écriture cette solidité qu'il reconnaissait dans les caractères eux-mêmes".
Poursuivant, sur le ton de la rêverie, on aimerait trouver une parenté étymologique entre la stèle et l'étoile.
Mais le dictionnaire nous détrompe... -
L'ARCHER Jean FOLLAIN
« Le poème, comme le tableau, est le lieu miraculeux où se rencontrent comme par nécessité des éléments arrachés pour l’éternité à la contingence de leur trajectoire » et que « partant du détail, de l’anecdotique, la poésie de Jean Follain ne vise rien moins que la totalité. » (Jean-Yves DEBREUILLE).
Ce commentaire vaut sans doute pour d'autres, mais est particulièrement pertinent pour la poésie de FOLLAIN, parfumée à l'encaustique, et sursautant aux craquements des armoires. -
COMPRENDRE LA MECANIQUE
S'intéresser aux richesses de la langue n'interdit pas de mettre les mains dans le cambouis.
On apprend ainsi que la "mécanique" dérive du grec "mêkhanê", provenant lui-même d'une racine induisant l'idée de ruse.
La mécanique est donc la ruse employée pour déjouer l'adversité, contrer les propriétés des choses, ou les détourner à notre profit.
Si l'on reprend le jeu de l'idéogramme chinois (le lecteur cherchera un peu plus en arrière la note précédente), on pourra par exemple dessiner le mot à l'aide à l'aide d'une roue. -
UNE ABSENCE NOMMEE DESIR
Avoir la tête dans les étoiles peut donner de grandes satisfactions.
C'est ainsi qu'on apprécie l'étymologie du mot "désir".
Le latin "desiderata" désigne très précisément le de-siderata, c'est-à-dire l'absence d'étoiles.
Désirer serait donc constater l'absence et, dans un sens plus actif, rechercher l'inaccessible.
On imagine alors, si nous étions chinois, la peine à trouver l'idéogramme décrivant ce manque.
Peut-être un ciel noir? -
LA CASSETTE DES MOINS DE VINGT ANS
Le passant de vingt ans, que comprend-il à l'inscription en lettres collées à la vitrine abandonnée qui annonce: "musicassettes"?
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L'INSPIRATION selon Daniel BOULANGER
après des jours devant la porte
avec ce peu d'espoir des pauvres
les grandes images à l'intérieur
tournent sous les lustres
(2ème retouche à l'inspiration, in Taciturnes, Gallimard, 1995),