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Le photographe Didier LEMARCHAND présente ici, entre autres, une partie de ses trophées, issus de captures de mots en liberté dans la ville.
C'est plastiquement très abouti, et les mots ainsi empaillés poursuivent miraculeusement leur cavalcade dans les esprits.
Pacte
Là-bas sur les remparts ruisselle la foudre
Ici autour de nos vivres l'âme suffoque
Partir ? Ici aussi la mâture chancelle
Mon pacte est un roncier
Je suis balafre
(le vent la ravive ou l'apaise)
Ainsi j'ai signé
La donation est ouverte :
Le sang des mûres aux oiseaux
Le mien à l'oubli.
in Terre-plein, Thierry Bouchard éd.
... et la pierre résiste, comme la mauvaise herbe.
Aujourd'hui, brusquant l'adieu, les moissonneurs créditent, empruntent, amortissent. Ils souffleraient au cul de la terre pour activer les saisons !
Sont-ils riches ? Ils n'ont même pas un grillon pour l'hiver ; pas un grain de raisin pour le mourant de septembre.
Extrait de Les Moissonneurs, in Terre-plein, Thierry Bouchard éd.
Ce n'est peut-être pas au point de mourir dès ce septembre, mais le raisin d'ici s'annonce fort bon.
La sagesse chinoise est sans fond...
Lecture silencieuse
livre bien ouvert
tenu des deux mains
que lisent dans le sens de la marche
des hommes et des femmes
déjà presbytes
de temps en temps
un coup d'oeil furtif
sur la première page de couverture
du volume du voisin de passage
le titre est happé
comme une nourriture
d'urgence
Généalogie du hasard, Le Dé bleu, 1986.
Derrière les montagnes
Derrière les montagnes
mon père chantait la chanson
du cygne mourant,
du moulin qui fait tic-tac,
et aussi de la mine.
Il avait sur la langue
l'haleine du buveur,
son coup de cil cliquetait comme
un verre d'eau-de-vie sur la pierre.
La mine, c'était sa bouche,
et le moulin faisait tic-tac
dans son larynx
et le cygne se mourait déjà
dans ses poumons.
Il aimait chanter, mon père.
Sa voix résonnait loin sur la plaine.
Nora BOSSONG, Décharge n°142, Trad. Rüdiger FISCHER).
Que ce soit par sa bonté, son haleine, son absence, sa rigueur, ses coups, un père marque toujours.