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Sur du vent - Page 194

  • COUCOU !

     

    Son unique et même rythme

    pourtant c'est en voyelles que dit le coucou

    d'un assumé contretemps

    tout son mépris des hommes

    pâle monnaie au fond des poches

     

     

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  • PAS DE NAUFRAGE POUR EMMANUEL MOSES

     

     

    LA MER INTÉRIEURE

     

    En chacun de nous il y a une mer

    Parfois on l'entend, parfois pas

    On peut la traverser, on peut s'y noyer

    On peut y lancer un message dans une bouteille

    Le poème est ce message qu'un autre nous-même trouvera un jour

    De l'autre côté de celui qu'on est

    Si un poème nous fait du bien c'est parce qu'on sait qu'il ira loin

    Qu'il sera ballotté

    Qu'il luttera contre des vents de travers

    Mais que pour finir il vaincra

    Parvenant sans encombre à son destinataire

    Qui n'est autre que l'autre nous-même

    Cet autre absolu

    Ce même absolu

    Il y a les femmes et leur corps mystérieux

    Il y a la cigarette qui est souffle, feu et poudre grise

    Qui est le trait d'union entre la bouche et le monde

    Et nous savons que la bouche est l'embouchure de l'âme

    Il y a les alcools forts au goût de baies ou de caramel

    Comme ils vous écorchent et vous fendent !

    Mais il y a avant tout le poème, plus mystérieux, plus incandescent, plus âpre encore

    Le poème qui est notre faim, notre soif, notre nécessité et notre désir

    Nous voulons nous fondre dans le corps et l'esprit de notre poème

    Nous voulons inhaler et réduire en poussière brûlante notre poème

    Nous voulons nous enivrer brutalement de notre poème

    La mer tempêtueuse qui nous déchire

    La mer docile qui nous miroite

    La mer translucide où nous voyons d'insoupçonnables trésors

    La mer noire comme un cauchemar qui ne finit pas

    Le poème y suit son voyage

    Il surnage

    A-t'on jamais vu un poème faire naufrage ?

     

    Emmanuel MOSES, Sombre comme le temps, Gallimard 2014.

     

     

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  • Emmanuel MOSES, L'HOMME ET DIEU

     

    ...

    Drôle de créature que l'homme

    Les jours le portent

    L'espoir l'entraîne

    Le chagrin le terrasse

    Et il dérive ça et là

    Sans plus oser porter son nom d'homme

    Drôle de Dieu perdu dans son absence

    Qui pourrait l'aider ?

    Comment lui apprendre ?

    Il vogue entre les infinis

    En impuissance d'amour

     

    Emmanuel MOSES, Sombre comme le temps, Gallimard 2014.

     

     

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  • LE CHARME DU RABBIN

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    Si les aveugles ('iverim) sont appelés "inondés de lumières" ou encore "éblouis", c'est pour ne pas heurter leur sensibilité. La Torah en effet considère souvent le fait d'être aveugle comme la conséquence d'une punition divine. Les rabbins, voulant s'écarter d'un tel sens qui ne correspond pas à leur théologie et ne pas condamner les aveugles, les appellent "inondés de lumière" (sagi nahor), expression laudative. Le mot invite à regarder un handicap de manière positive et à appréhender la réalité différemment.

    ...

    Sagi nahor est donc devenu l'expression générique pour désigner les euphémismes dans la littérature rabbinique.

     

    Pauline BÈBE, À l'ombre du tamaris, Presses de la renaissance, 2010.

     

     

     

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  • La MAISON selon EMMANUEL MOSES

     

     

    ...

    Une maison, ça naît du rien de la terre

    Du rien du ciel et des étoiles

    Du rien des arbres

    Une maison, un jour, ça sera tout

    ...

     

    Emmanuel MOSES, Sombre comme le temps, Gallimard, 2014

     

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  • Des TRACES d'HENRI MESCHONNIC

     

     

    mais nous

    ne faisons que suivre

    des traces

    nous-mêmes ne sommes

    que des traces

    de la vie

    c'est pourquoi il nous faut tant

    nous tenir pour ne pas nous perdre

    tant entendre ce qu'on dit

    sans savoir

    tant voir ce qu'on

    cotoie sans le voir et moins

    on reconnaît l'invisible

    plus on devient invisible

     

    Henri MESCHONNIC, Je n'ai pas tout entendu, Dumerchez, 2000.

     

     

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  • Des TRACES d'EMMANUEL MOSES

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    ...

    Était-il paysan ? Chasseur ? Poète ?

    Il observait ces traces d'un monde inatteignable

    Et semblait absorbé par une pensée qui l'assombrissait

    S'il était paysan, il devait songer à sa moisson gâtée

    S'il était chasseur, à son gibier manqué

    Et s'il était poète, à des mots cherchés vainement

    ...

     

    Emmanuel MOSES, Sombre comme le temps, Gallimard, 2014

     

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  • Les CHANSONS de la VIE

     

     

    La Chanson d'Hélène

     

    La chanson a la forme d'une ronde, elle tourne toujours

    roule au brouhaha des villes, dans le silence d'un champ,

    un dessin d'enfant, et sa couleur entre dans la maison

     

    Une voix y grave son contrepoint

    celle d'un adulte aux empreintes de tabac

    et même d'un mâle

    aux prises avec les femmes, aux activités de carnassier

    mais entravé, au pic de sa vie, redoutant des pentes sans soleil

     

    Ses joues, ses paupières s'assombrissent

    bien vite les volets se fermeront

     

    La ronde tourne encore, on croit tenir une main

    il n'y a plus personne

     

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