4, trajectoires
Sous la force magnétique des seuils, paradoxal le chien veille, compliqué des trajectoires de la maisonnée, à l'affût des caresses de l'instant, affolants biscuits de survie, ou ferré museau bas par des voies invisibles, ou si tourmente se lève, aveuglé de résonances blanches, ou fidèle à mon pas, souple fougère léchant la présence de toute chose.
Sur du vent - Page 198
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ORDRE des CHOSES : le CHIEN (4/4)
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ORDRE des CHOSES : le CHIEN (3/4)
3, passage
Combien nu devant la mort l'homme qui choisit le chien, après une vie de chère, pour garder son âme des tourments du prix à payer pour son passage, l'animal pourtant fidèle au seul instant, enchaîné lui-même aux appétits immédiats. Combien fou qui ne craint de s'attarder aux charognes des fossés.
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ORDRE des CHOSES : le CHIEN (2/4)
2, anagramme
Chiendent, désordre domestique, et temps de, et malade comme un, et ce féminin, qui porte si bien l'injure et laisse ses bâtards au ruisseau des passés troubles. Pour la réputation du chien, ne reste que l'anagramme, portée fidèlement comme un collier.
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ORDRE des CHOSES : le CHIEN (1/4)
1, gueule et crocs
L'aboi de prime abord, tout de gueule et crocs saillants, impressionne la main. Puis passe la crainte, avec la caravane des caresses, qui remonte à flanc de bête jusqu'au sommet du garrot, si près des babines pendantes, tolérant que l'on pactise.
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UNGARETTI : AVANT L'HOMME
LA PRIÈRE
Comme il devait aller avec douceur
Avant l'homme, le monde.
L'homme en a tiré des sarcasmes de démons,
Il a nommé ciel sa luxure,
Création ses mirages,
Rêvé immortel l'instant.
...
Giuseppe UNGARETTI, Vie d'un homme, Poésie/Éditions de Minuit-Gallimard, Trad. Philippe JACCOTTET
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MORALE
Une idée de la morale
La musique est interdite
hallucination de l'esprit
affolement des ventres
Suspecte la poésie
contournant à dos d'âne la voie des anciens
Criminelle la peau
de la cheville étincelle du péché
à l'épaule qui force le désir
Que barbe ou voile
dévorent ces visages éblouis
ou ce seront les pierres
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Un MOT à la MODE : SURENCHÈRE
On met aux enchères un Bonnard, assez mal fichu, mais savoureux ; c'est une femme nue, à sa toilette (...). Il monte assez péniblement à 450, 55, 60. Tout à coup j'entends une voix crier : 600 ! Et je reste stupéfait, car celui qui vient de crier cela c'est moi-même. Du regard, autour de moi, j'implore une surenchère car je n'ai nulle envie de ce tableau mais rien.
André GIDE, Journal 1889-1939, NRF, 1939.
Ceci n'est pas un Bonnard.
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JE SUIS UN PANDA
Je n'ai jamais acheté Charlie Hebdo, mais je me souviens avoir toujours eu l'intuition de sa présence nécessaire, un peu comme au fond d'une forêt en Chine un panda.