nuit
jour
les mots sont sacrés
le vitrail entre les deux
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nuit
jour
les mots sont sacrés
le vitrail entre les deux
cathédrale
verticalité du mot
chiffres secrets des bâtisseurs
murmurés
Inutile d'imaginer chaque jour
l'éternité.
Un jour c'est bref mais c'est énorme
au regard de la mort.
Et pourtant goutte à goutte trompeur
chaque jour invite à désirer
le suivant qui se dérobe.
...
Hubert NYSSEN, Préhistoire des Estuaires, André de Rache, 1967.
Il faut réinventer le monde
Avec des mots couleur de blé
Aussi lisses que des galets
Sur le cuir d'une fronde.
Il faut larguer vers la lumière
Des mains ayant forme d'oiseaux
Et pénétrer parmi les eaux
Sous l'abri des paupières.
On touche alors à l'apparence
Que les yeux ne savent pas voir,
A la vérité des miroirs
Devenus transparences.
Roger FOULON, L'envers du décor, Ed. du Spantole, 1967.
2017 ne suffira peut-être pas à ce programme,
mais on peut se souhaiter
d'au moins essayer !
Ô vieil Hindou
Ta faim, ô vieil Hindou, est réelle et pas une image de la faim
comme chante le poète Kalos.
Elle est si réelle, ta faim, que si le poète qui te contemple ne te donne du riz, tu tomberas sur les pierres.
Ta chute sera réelle, ô vieil Hindou, et pas une image de la chute
comme chante le poète Kalos.
Si réelle, mon ami, que du sang jaillira de ton nez, si le poète ne
panse la plaie avec une pâte de figues.
Ton sang sera réel, ô vieil Hindou, et pas une image du sang, et
quand tu n'en auras plus ton cœur fera silence.
Et le poète soulèvera délicatement ta paupière, regardera ton œil
et dira que tu es l'image de la mort.
Mais toi, ô vieil Hindou, tu sera mort, réellement mort, si mort
que les mouches se jetteront sur ton odeur.
Alors, le poète Kalos, pour oublier ce mensonge, ira manger un plat poivré,
puis soufflera de l'air dans un bout de roseau.
David SCHEINERT, Sang double, 1962.
La chaise
La chaise a beau dire :
Je suis de bois, de paille.
Elle oublie le marteau,
la scie, la varlope,
le mètre pour la mesure.
Elle oublie l'arbre,
la terre, le soleil,
la pluie pour la soif.
Elle oublie le bras,
la hache, la sueur,
l'homme qui la conçut.
La chaise a beau dire :
Elle est plus que matière.
Marcel LA HAYE, La clef sous la porte, Les Poètes de la Tour, 1964.
Confidence à la nuit
Chacun
(Heureux s'il l'ignore)
Portait en lui un homme véritable.
Plus d'une fois
Nous avons cru le mettre au monde
Avec son sang, sa couleur...
Or le temps marche. A certains jours
Le poids du frère mort-né
Nous étouffe.
Je n'écrirai jamais
Ce poème de ma naissance
Dont les mots presque visibles
Me frôlaient longtemps le cœur.
Je le sais : mon plus vrai visage
Ne sera regardé que de la nuit.
Robert VIVIER, Le miracle enfermé, Cahiers du Sud, 1939