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David SCHEINERT et l'HINDOU

lotus,

 

 

Ô vieil Hindou

 

Ta faim, ô vieil Hindou, est réelle et pas une image de la faim

comme chante le poète Kalos.

 

Elle est si réelle, ta faim, que si le poète qui te contemple ne te donne du riz, tu tomberas sur les pierres.

 

Ta chute sera réelle, ô vieil Hindou, et pas une image de la chute

comme chante le poète Kalos.

 

Si réelle, mon ami, que du sang jaillira de ton nez, si le poète ne

panse la plaie avec une pâte de figues.

 

Ton sang sera réel, ô vieil Hindou, et pas une image du sang, et

quand tu n'en auras plus ton cœur fera silence.

 

Et le poète soulèvera délicatement ta paupière, regardera ton œil

et dira que tu es l'image de la mort.

 

Mais toi, ô vieil Hindou, tu sera mort, réellement mort, si mort

que les mouches se jetteront sur ton odeur.

 

Alors, le poète Kalos, pour oublier ce mensonge, ira manger un plat poivré,

puis soufflera de l'air dans un bout de roseau.

 

David SCHEINERT, Sang double, 1962.

 

 

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