Le travail manuel favorise la méditation.
St Benoît le disait déjà, et il n'était pas le premier.
Aussi, arrachant le papier peint, on s'étonne de la similitude du bruit ainsi provoqué avec celui d'un avion quittant la piste.
Un son qui naît lentement, puis s'intensifie, avant de s'évanouir lorsque le lai se déchire et se détache en un mince lambeau, puis s'achève en écho, pour peu que la pièce soit vidée de ses meubles.
Par un hasard de la langue, ces deux actions portent le nom de « décollage ».
Sur du vent - Page 313
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POLYSEMIE
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DANS mes BRAS!
C'est Gérard MACE, qui note:
"Prendre une forme: c'est précisément ce que promet le nom de Morphée, qui nous emporte dans ses bras tous les soirs et nous dépose en douceur sur la rive d'un autre jour".
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PARCOURS de SOINS
Où se niche la poésie... jusque dans les hopitaux!
C'est ainsi que l'éosine, désinfectant favori d'hommes en blanc apparemment peu soucieux de le rester, tient son nom de la déesse de l'aurore, Eos en grec, celle-là même qui réveillait Ulysse, à chaque matin de son périple, de ses doigts de rose...
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FIXATIFS
(d'Hamid TIBOUCHI)
les mots sur la page
pigments indélébiles
tentent de fixer
l'instant
le piment rougi
de l'instant qui perdure
trace de vie pour mémoire
sur papier pelure
les mots qui glissent
sur la langue tombent
et se noient dans le verre d'eau
de l'oubli
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Que JEUNESSE ne se PASSE (de POESIE)
Claude VERCEY, dans Décharge n°138, conclut ainsi une étude sur la poésie « jeunesse »:
« Le poème pour enfants tend donc à devenir un genre à part, une autoproduction développant son histoire hors du temps de l'histoire de la poésie même, avec laquelle elle entretient quelques liens superficiels, qui lui permettent de faire illusion. »
Un peu avant, il reproche au genre de gommer toute sincérité et toute émotion, au profit de quelques procédés faciles qui l'apparentent plus à la comptine qu'à la vraie poésie. -
POESIE pour ENFANTS, YO!
La poésie pour enfants, comme genre littéraire (et éditorial), partage le même gros défaut que le rap: son principal ressort est basé sur des procédés répétitifs et un peu lourdauds tels que rime, assonances, allitérations...
De là à tirer des conclusions sur l'âge mental des amateurs de rap...
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TOUJOURS TRAVAILLER
« Faire et défaire, c'est toujours travailler ».
Que voilà un dicton horripilant.
On devine bien le sens caché de la maxime, lourde de son héritage moralisateur et même avilissant:
Nulle honte à défaire, puisque c'est encore du travail, et que le travail est la valeur suprême, préférable au loisir, et l'éternel adversaire du plaisir.
Il faudrait être au moins Persan, pour faire observer que ce travail-là est dérisoire, puisqu'il vise à effacer un travail précédent, parce qu'il aurait été mal conçu ou mal exécuté.
A ce travail sacré, il faut préférer l'efficacité, par laquelle seul le juste travail est louable, et non celui qui n'a d'autres vertus que de maintenir les foules sous le joug.
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PROSODIE ou PROSE "TOUT COURT"
Jacques MORIN, directeur de la revue Décharge, ne pouvait mieux dire, quand il reprochait à un auteur des carences dans sa prosodie:
« S'il s'agit d'écrire des phrases grammaticalement correctes et régulières, est-ce que le découpage en vers reste pertinent? Ne faut-il pas tout simplement écrire au kilomètre avec la ponctuation adéquate? Si la forme versifiée demeure inaliénable pour écrire de la poésie, l'auteur doit acquérir un style, un souffle, un rythme qui exige le vers... »
Il conclut avec prévenance: « ça fait un peu professoral »...
Oui, mais cela valait d'être précisé.