lourds matins
ensablés à l'orient
l'eau fume
pour un mirage de café
et confond le zénith
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lourds matins
ensablés à l'orient
l'eau fume
pour un mirage de café
et confond le zénith
Je cultive la haine de l'action comme une plante de serre.
Je me flatte moi-même de ma clairvoyance à l'égard de la vie.
Fernando PESSOA, Le Livre de l'intranquillité, Trad. Françoise Laye, Christian Bourgois, 1999.
obsession
du jeu d'échecs
qui gagne perd
une vie
toute de diagonale
Le poème de la terre
au mois de mars, en l'an du soulèvement, la terre nous révéla des secrets sanglants. Au mois de mars, cinq filles passèrent devant les violettes et le fusil. Elles s'arrêtèrent devant la porte d'une école et s'enflammèrent ainsi que les roses et le thym du terroir. Elles inaugurèrent le chant de la terre. Elles entrèrent dans l'étreinte ultime - Mars vient sur terre du ventre de la terre et de là dans des filles - Les violettes se penchèrent légèrement pour laisser passer la voix des filles. Les oiseaux tendirent leurs becs en direction du chant et de mon cœur
...
Mahmoud DARWICH, Rien qu'une autre année, Editions de minuit, Trad. A.Laâbi, 1983.
avant-garde
dissoute
lignes adverses
en pleine lumière
démobilisation
des éclaireurs
Pour m'endormir, je mets
le masque du sommeil : un léger voile
que je tisse avec les événements du jour
et les mots dont je perds le fil en m'endormant.
Une toile aussi fine que celle de l'araignée
où restent au matin des lambeaux de rêves :
des images prises au piège, les discours décousus
d'un somnambule qui se réveille.
...
Gérard MACÉ, Homère au royaume des morts a les yeux ouverts, Le bruit du temps, 2015.
espagnole
l'heure s'alentit
le soleil
mis sous cape
senteurs de braise
La Douleur, solitaire,
masse de femme opulente, inaccessible,
au milieu de la pelouse.
Sur la surface lisse déroulée
dans la lumière du soir presque irréelle
et que laque un soleil acrylique de cinq heures,
autour de l'étrangère qui s'est assise là,
Claudiquent les étourneaux comme un seul geste,
en tout sens. Quel calligraphe trempe
dans l'encre de chine ces porte-plume ?
quelle main invisible guide leurs becs avides ?
ils sautillent, ils crient,
Sur l'herbe de soie ils écrivent
la douleur, l'incompréhensible idéogramme.
Claude ADELEN, Légendaire, Flammarion, 2009.