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1982 : DERNIER BOEUF
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Philippe SOUPAULT : SUPPLIQUE pour ÊTRE FOUTU à la MER
Foutez moi à la mer
mes amis
mes amis quand je mourrai
Ce n'est pas qu'elle soit belle
et qu'elle me plaise tant
mais elle refuse les traces
les saletés les croix les bannières
Elle est le vrai
silence et la vraie solitude
...
Philippe SOUPAULT, Sang Joie Tempête, 1937.
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C'EST dans les VIEUX SOUPAULT...
Say it with music
Les bracelets d'or et les drapeaux
les locomotives les bateaux
et le vent salubre et les nuages
je les abandonne simplement
mon coeur est trop petit
ou trop grand
et ma vie est courte
je ne sais quand viendra ma mort exactement
mais je vieillis
je descends les marches quotidiennes
en laissant une prière s'échapper de mes lèvres
À chaque étage est-ce un ami qui m'attend
est-ce un voleur
est-ce moi
je ne sais plus voir dans le ciel
qu'une seule étoile ou qu'un seul nuage
selon ma tristesse ou ma joie
je ne sais plus baisser la tête
est-elle trop lourde
Dans mes mains je ne sais pas non plus
si je tiens des bulles de savon ou des boulets de canon
je marche
je vieillis
mais mon sang rouge mon cher sang rouge
parcourt mes veines
en chassant devant lui les souvenirs du présent
mais ma soif est trop grande
je m'arrête encore et j'attends
la lumière
Paradis paradis paradis
Philippe SOUPAULT, Georgia, 1926.
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(INV)ENTERRE à la PREVERT
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la victime se lève et dit
C’est embêtant d’être mort
on est tout froid
Fume ça te réchauffera
l’assassin lui donne la cigarette
et la victime dit Je vous en prie
C’est la moindre des choses dit l’assassin
je vous dois bien ça
...Jacques PREVERT, Evénements, Paroles, 1937.
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Marcel THIRY en OCTOBRE
Maintenant que nous retrouvons nos saisons, voici un poème à sortir de la réserve.
Il provient d'une anthologie qui vient de paraître à La Table Ronde.
Nous nous taisons tous deux par les sentiers d'octobre,
Merle ; ta saison et mon âge vont d'accord
Pour ne plus essayer la rime ni la trille
Des matins neufs dans l'éblouissement d'avril.
Le bois n'entend qu'un rare ébat criard de geais.
Les dernières sorbes sont des grives mangées.
Les acacias légers avertisseurs de vent
Balancent, c'est la nuit d'automne qui avance.
L'an commence à compter à partir de Noël
Ses derniers mois, décembre et novembre et octobre,
Comme qui va suivant les silences du merle
Et dénombre ses ans à partir de sa mort.Marcel THIRY, Âges, 1950.
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...C'EST un POÈTE MORT
Andrée CHEDID et Édouard GLISSANT sont des poètes récemment parvenus à franchir le tamis pourtant bien serré de nos médias.
On sait malheureusement ce que cela signifie.Voici 50 ans, Pierre REVERDY décédait, après avoir pris le soin d'écrire de lui-même, peut-être pour échapper à un piètre hommage journalistique :
Né le... mort le...
Il n'y a pas d'événements
Il n'y a pas de dates
Il n'y a rien
C'est merveilleux. -
Jean ROUSSELOT : MÉMOIRES d'ANTE-TOMBE
N'attends pas l'ultime ligne
Qu'on pourrait bien t'interdire
Pour demander à la mort
De te laisser tes racines
Comme à maints arbres qu'elle arrache
Distraitement l'hiver
Et qui le printemps venu
Reverdissent assez pour
Que l'oiseau le moins subtil
Hésite à s'en écarter sur l'heure
Ô mort diras-tu regarde
Mes survivants déjà s'apprêtent
À m'habiller en dimanche
Pour ma lente semaine de pourriture
À toi je ne demande
Qu'une brève illusion
De durée surnuméraire
Pas plus de temps qu'il n'en faut
À un chevreuil nouveau-né
Pour se tenir debout
Ainsi pourrais-je feindre
À mes propres yeux
De n'être qu'en congé
Jean ROUSSELOT, Passible de..., Autres Temps, 1999.
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Alain LANCE un peu de TERRE
Avec plus de 6 mois d'avance, un poème parfaitement d'actualité :
Vingt-six avril
À présent si lourd
Ton corps muet
Malmené
Pour l'ultime habillage
Mal entendu
Sans ombre à présent
Sans fièvre plus jamais
Alain LANCE, Obsidiane & Le temps qu'il fait, 2000
Mais pourquoi attendre davantage ?