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mort - Page 3

  • Philippe SOUPAULT : SUPPLIQUE pour ÊTRE FOUTU à la MER

    Foutez moi à la mer

    mes amis

    mes amis quand je mourrai

    Ce n'est pas qu'elle soit belle

    et qu'elle me plaise tant

    mais elle refuse les traces

    les saletés les croix les bannières

    Elle est le vrai

    silence et la vraie solitude

    ...

     

    Philippe SOUPAULT, Sang Joie Tempête, 1937.

    mer,

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  • C'EST dans les VIEUX SOUPAULT...

    Say it with music

     

    Les bracelets d'or et les drapeaux

    les locomotives les bateaux

    et le vent salubre et les nuages

    je les abandonne simplement

    mon coeur est trop petit

    ou trop grand

    et ma vie est courte

    je ne sais quand viendra ma mort exactement

    mais je vieillis

    je descends les marches quotidiennes

    en laissant une prière s'échapper de mes lèvres

    À chaque étage est-ce un ami qui m'attend

    est-ce un voleur

    est-ce moi

    je ne sais plus voir dans le ciel

    qu'une seule étoile ou qu'un seul nuage

    selon ma tristesse ou ma joie

    je ne sais plus baisser la tête

    est-elle trop lourde

    Dans mes mains je ne sais pas non plus

    si je tiens des bulles de savon ou des boulets de canon

    je marche

    je vieillis

    mais mon sang rouge mon cher sang rouge

    parcourt mes veines

    en chassant devant lui les souvenirs du présent

    mais ma soif est trop grande

    je m'arrête encore et j'attends

    la lumière

    Paradis paradis paradis

     

    Philippe SOUPAULT, Georgia, 1926.

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  • (INV)ENTERRE à la PREVERT

    prévert,mort,froid,guerre,monument aux morts,

    ...
    la victime se lève et dit
    C’est embêtant d’être mort
    on est tout froid
    Fume ça te réchauffera
    l’assassin lui donne la cigarette
    et la victime dit Je vous en prie
    C’est la moindre des choses dit l’assassin
    je vous dois bien ça
    ...

    Jacques PREVERT, Evénements, Paroles, 1937.

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  • Marcel THIRY en OCTOBRE

     

     


    Maintenant que nous retrouvons nos saisons, voici un poème à sortir de la réserve.
    Il provient d'une anthologie qui vient de paraître à La Table Ronde.

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    Nous nous taisons tous deux par les sentiers d'octobre,
    Merle ; ta saison et mon âge vont d'accord
    Pour ne plus essayer la rime ni la trille
    Des matins neufs dans l'éblouissement d'avril.
    Le bois n'entend qu'un rare ébat criard de geais.
    Les dernières sorbes sont des grives mangées.
    Les acacias légers avertisseurs de vent
    Balancent, c'est la nuit d'automne qui avance.
    L'an commence à compter à partir de Noël
    Ses derniers mois, décembre et novembre et octobre,
    Comme qui va suivant les silences du merle
    Et dénombre ses ans à partir de sa mort.

    Marcel THIRY, Âges, 1950.

     

     

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  • ...C'EST un POÈTE MORT

     

     

    Andrée CHEDID et Édouard GLISSANT sont des poètes récemment parvenus à franchir le tamis pourtant bien serré de nos médias.
    On sait malheureusement ce que cela signifie.

    Voici 50 ans, Pierre REVERDY décédait, après avoir pris le soin d'écrire de lui-même, peut-être pour échapper à un piètre hommage journalistique :

    Né le... mort le...
    Il n'y a pas d'événements
    Il n'y a pas de dates
    Il n'y a rien
    C'est merveilleux.

     

     

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  • Jean ROUSSELOT : MÉMOIRES d'ANTE-TOMBE


    N'attends pas l'ultime ligne

    Qu'on pourrait bien t'interdire

    Pour demander à la mort

    De te laisser tes racines

    Comme à maints arbres qu'elle arrache

    Distraitement l'hiver

    Et qui le printemps venu

    Reverdissent assez pour

    Que l'oiseau le moins subtil

    Hésite à s'en écarter sur l'heure


    Ô mort diras-tu regarde

    Mes survivants déjà s'apprêtent

    À m'habiller en dimanche

    Pour ma lente semaine de pourriture

    À toi je ne demande

    Qu'une brève illusion

    De durée surnuméraire

    Pas plus de temps qu'il n'en faut

    À un chevreuil nouveau-né

    Pour se tenir debout


    Ainsi pourrais-je feindre

    À mes propres yeux

    De n'être qu'en congé


    Jean ROUSSELOT, Passible de..., Autres Temps, 1999.



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  • Alain LANCE un peu de TERRE

    Avec plus de 6 mois d'avance, un poème parfaitement d'actualité :


    Vingt-six avril


    À présent si lourd

    Ton corps muet

    Malmené

    Pour l'ultime habillage


    Mal entendu

    Sans ombre à présent

    Sans fièvre plus jamais


    Alain LANCE, Obsidiane & Le temps qu'il fait, 2000


    Mais pourquoi attendre davantage ?

     

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  • Jacques LĖBRE sous le PIED


    Réduit, désormais, à l'immensité du ciel



    Invétéré pêcheur à la ligne


    (mais tu n'y allais plus l'hiver,

    tu craignais le froid, celui qui gagne)


    la charnière entre ta vie et ta mort

    aura-t-elle grincé ?

    La morphine

    l'aura-t-elle un peu graissée ?


    Auras-tu senti quelque chose ?

    Le mordillement d'une truite ?


    .

    .

    .


    Cette simple secousse


    (elle t'aura ferré

    en dehors du courant)


    tu l'auras éprouvé tant de fois

    dans le silence des poissons

    l'auras-tu seulement reconnue ?


    L'hameçon acéré d'un dieu

    (mais nous n'y croyions pas)

    à la commissure de tes lèvres,

    auras-tu serré les dents ?


    .

    .

    .

    Jacques LĖBRE, Théodore Balmoral n° 59/60 (extraits)

     

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