la mort de Socrate
d’un scandale
un exemple
pour crédules
œuvre d’art
pour tables basses
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
la mort de Socrate
d’un scandale
un exemple
pour crédules
œuvre d’art
pour tables basses
immonde
ce qui n'est plus monde
et pire
sa propre mort
de l'intérieur
tous sens interdits
Facture
Qu'il fera bon vivre lorsque nous serons morts
que nous reposerons
dans je ne sais quel trou du vieux Cosmos
bien refroidi
bien étendu
dans la noire volonté de n'être plus
avec la pierre du silence absolu
posée sur notre langue
qu'il ne faudra plus jamais retourner
sept fois dans notre bouche
pour dire ou ne pas dire la vérité acquise
puisque la notion de vérité
n'emportera plus de signification
que tous les dieux auront cessé d'être le verbe
que l'épine plantée jadis dans notre coeur
n'entraînera plus le moindre cri
capable de troubler encore
la présence du néant
Achille CHAVÉE, De vie et mort naturelle, Montbliard, 1960
Inutile d'imaginer chaque jour
l'éternité.
Un jour c'est bref mais c'est énorme
au regard de la mort.
Et pourtant goutte à goutte trompeur
chaque jour invite à désirer
le suivant qui se dérobe.
...
Hubert NYSSEN, Préhistoire des Estuaires, André de Rache, 1967.
Ô vieil Hindou
Ta faim, ô vieil Hindou, est réelle et pas une image de la faim
comme chante le poète Kalos.
Elle est si réelle, ta faim, que si le poète qui te contemple ne te donne du riz, tu tomberas sur les pierres.
Ta chute sera réelle, ô vieil Hindou, et pas une image de la chute
comme chante le poète Kalos.
Si réelle, mon ami, que du sang jaillira de ton nez, si le poète ne
panse la plaie avec une pâte de figues.
Ton sang sera réel, ô vieil Hindou, et pas une image du sang, et
quand tu n'en auras plus ton cœur fera silence.
Et le poète soulèvera délicatement ta paupière, regardera ton œil
et dira que tu es l'image de la mort.
Mais toi, ô vieil Hindou, tu sera mort, réellement mort, si mort
que les mouches se jetteront sur ton odeur.
Alors, le poète Kalos, pour oublier ce mensonge, ira manger un plat poivré,
puis soufflera de l'air dans un bout de roseau.
David SCHEINERT, Sang double, 1962.
3, passage
Combien nu devant la mort l'homme qui choisit le chien, après une vie de chère, pour garder son âme des tourments du prix à payer pour son passage, l'animal pourtant fidèle au seul instant, enchaîné lui-même aux appétits immédiats. Combien fou qui ne craint de s'attarder aux charognes des fossés.
Porteur de sa chasse, l'humain est porteur de son "expérience" : il porte le récit linguistique qu'il ne cesse de faire de sa mise en péril dans la mort.
Tel est le sens secret du mot ex-périence : celui qui sort du périr.
Pascal QUIGNARD, Les désarçonnés, Grasset & Fasquelle, 2012.