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Poésie - Page 10

  • Gérard PFISTER et l'IDENTIQUE

    ombre,immobile,debout,

     

    ...

    Tu vas dans la rue, et ton monde avec toi, et ainsi tu ne bouges pas. Tu peux te hâter, tu peux faire croire que tu te presses : tu es là au milieu de ton monde, identique à toi-même, toujours pressé et toujours immobile. Tu es assis en toi-même, face à ton reflet.

    ...

     

    Gérard PFISTER, Blasons du corps limpide de l'instant, Arfuyen, 1999

     

     

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  • Gérard PFISTER DEVANT les PORTES

    vitrail,lumière,

     

    Cent portes

    ouvertes

    sur

     

    - on ne sait quoi.

    Les arceaux

    couverts de glycines,

     

    les linteaux gravés

    d'énigmatiques

    blasons,

     

    cent porches

    de lumière

    grands ouverts

     

    en l'unique présent.

    Et quel invisible obstacle

    toujours nous empêche

     

    de les franchir,

    nous laisse

    sur le seuil interdits ?

     

    Gérard PFISTER, Blasons du corps limpide de l'instant, Arfuyen, 1999

     

     

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  • La POÉSIE selon Jean-Claude PINSON

    public,théâtre,spectacle,

     

    il s'applique à prendre des notes sur un cahier, assis parmi les étudiants

    il tique à peine quand le conférencier affirme que la poésie est là pour aggraver les choses et non les arranger ; qu'il faut meurtrir les mots, mettre la corde au cou du sens, aller ainsi jusqu'au brutal néant de tout

    il pense à la beauté du jus très noir que les peintres obtenaient jadis en écrasant des scarabées

    ...

     

    Jean-Claude PINSON, Abrégé de philosophie morale, Champ vallon, 1997

     

     

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  • Le POÈME selon Milan RUFUS

    grenouille,eau,bassin,

     

    ...

    Car l'eau est la sœur grise du poème

    qui chante la paix des profondeurs de la terre.

    Et si tu n'étouffes pas la chanson de ton poing

    tu ne feras pas taire l'eau dans les entrailles de la terre.

    Et si tu n'étouffes pas l'eau de ton poing,

    tu ne feras pas taire le chant dans la poitrine de l'homme.

     

    Milan RUFUS, L'inquiétude du cœur, La Différence, 2002

     

     

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  • Rose-Marie FRANÇOIS et le FANTÔME

    double,jumeaux,bas-relief,

     

    Tu ouvres mon temps à la hache.

    Le sang des heures coule sur les reliefs

    d'autant de repas manqués. Communion

    sans pain, sans remords et sans gloire.

    Nous croyions savoir dire ensemble

    comment c'était avant, quand

    nous étions des chevaux sauvages,

    sans mors et sans cravaches,

    sans l'éperon des horloges.

     

    Je me trompais.

    La mer s'est retirée,

    tu reprends tes images, tes cadences

    et me laisses à la plage

    avec des coquilles vides.

    Le chant du vent déborde l'horizon,

    je t'appelle de ma voix rauque.

    Je regrette mes regrets.

    Mais je traverse ton fantôme

    à la recherche de ma vie.

     

    Rose-Marie FRANÇOIS, La saga dÎchanâs, Le Taillis Pré, 2007

     

     

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  • Les RÊVES selon Rose-Marie FRANÇOIS

    masque,enfance,rêves,

     

    Les doigts tachés

    d'encre ou de pomme,

     

    j'écris

    des crimes

    d'amours folles,

    des rimes

    à rien.

     

    Ô enfance rêvée

    des rêves mort-nés,

    nos mains se croisent

    sur le sabre

    qui leur crève les yeux.

     

    Rose-Marie FRANÇOIS, La saga dÎchanâs, Le Taillis Pré, 2007

     

     

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  • Les LICHENS selon René CHAR

    donjon,forêt,

     

    Les lichens

     

    Je marchais parmi les bosses d'une terre écurée, les haleines secrètes, les plantes sans mémoire. La montagne se levait, flacon empli d'ombre qu'étreignait par instant le geste de la soif. Ma trace, mon existence se perdaient. Ton visage glissait à reculons devant moi. Ce n'était qu'une tache à la recherche d'une abeille qui la ferait fleur et la dirait vivante. Nous allions nous séparer. Tu demeurerais sur le plâteau des arômes et je pénétrerais dans le jardin du vide. Là, sous la sauvegarde des rochers, dans laplénitude du vent, je demanderais à la nuit véritable de disposer de mon sommeil pour accroître ton bonheur. Et tous les fruits t'appartiendraient.

     

    René CHAR, Les matinaux, Gallimard, 1950

     

     

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  • Seyhmus DAGTEKIN dans la VILLE

    ville,paris,champs elysées,

     

    ...

    Ville qui n'a pieds sur terre

    Qui nous élève de la terre

    Nous coupe de la terre

    Des temps     sans passé

    Ville qui nous rassemble si peu nous ressemble

    /

    Par la fenêtre, nulle trace

    Que le miroir qui trahit nos présences

    ...

     

    Seyhmus DAGTEKIN, Juste un pont sans feu, Le castor Astral, 2007

     

     

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