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Poésie - Page 7

  • L'ÉPOQUE de Jorge Enrique ADOUM

    vert,feuillage,tourbillon,

     

    ...

    je vis dans un monde de vieilles à chapeau défilant dans leur automobile,

    tandis que d'autres jouent des coudes sous l'abribus pour éviter la pluie,

    je vis près d'un aveugle qui va avec son chien à la boucherie,

    je suis citoyen et contribuable, je suis usé

    et ça se voit à la fatigue avec laquelle, chaque jour, mes yeux entrent dans mes chaussures ;

    je vis à l'époque des pilules pour dormir et maigrir, pour se calmer et pour mourir à domicile,

    des plastiques et des cuirs, des cravates et des conserves,

    et des ordures du monde qui voyagent de vague en vague en vague errante,

    époque où l'on peut mourir du cœur sans avoir aimé

    et où plus personne ne meurt d'amour dans les livres,

    époque de maris policiers, ponctuels comme des créanciers.

    ...

     

    Jorge Enrique ADOUM, L'amour désenfoui, trad. F.M.Durazzo, Myriam Solal, 2008

     

     

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  • Le LANGAGE selon Jorge Enrique ADOUM

    chimères,arbre,projection,

     

    ...

    il était encore très tôt,

    le langage ne s'était pas encore dégradé

    dans l'érosion de la promesse théâtrale, maladroite et trompeuse,

    et l'amour vertigineux ne se prolongeait pas dans le mensonge stupide

    comme le son dans le silence

    ...

     

    Jorge Enrique ADOUM, L'amour désenfoui, trad. F.M.Durazzo, Myriam Solal, 2008

     

     

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  • Le POÈME selon Claude ADELEN

    lecture,poème,livre,

     

    Boîte-de-pandore-un poème soulever

    le couvercle. regarder là-dedans ? encore une

    de tes métaphores. et que tu aies pu croire

     

    Si longtemps avec ça ouvrir toutes portes

    t'imaginer être celui

    qui avait la bonne clef chaque mot

     

    La bonne clef chaque livre

    trousseau cliquetant

    inutile. avec l'âge on revient

     

    Dans une ville étrangère

    toutes les serrures ont été changées.

     

    Claude ADELEN, Obligé d'être ici, Obsidiane, 2012

     

     

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  • MOURIR selon Claude ADELEN

    Claude ADELEN,mourir,arbres,

     

    ...

    Arbres qui dorment

    debout, et autour d'eux leurs ombres

    qui tournent. La meule des heures grince,

    tout ce qui veille sous étoiles

    ou sous soleil fleurit : bosquets et rosiers,

    tiges, têtes florales qui ne tombent pas

    de sommeil, seulement se détachent

    pour mourir au hasard des nuages. Et nous ?

    défleuris, défeuillés (endeuillés ?), au pied

    de nous-mêmes, vers des sentiments inconnus

    nous en aller comme on s'en irait vers la mer...

     

    Claude ADELEN, Obligé d'être ici, Obsidiane, 2012

     

     

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  • Pierre TORREILLES dans le SILENCE

    Pierre TORREILLES,silence,morts,

     

    ...

    Aveugle est le silence

    quand la terre soudain

    n'est plus fertile de ses morts.

     

    Pierre TORREILLES, Denudare, Poésie-Gallimard, 1973

     

     

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  • Gérard TITUS-CARMEL de NUIT

    cave,nuit,confusion,

     

    à ce jeu nous deviendrons

    ténèbres et fougères

          au bord du talus

     

    nous entretiendrons la confusion

    mêlerons nos branches

     

    et ce désordre nouveau

    nous enchevêtrera plus encore

     

    alors de belle qu'elle fut

          la nuit se fera cave

     

    au plus profond

    de nous

     

    Gérard TITUS-CARMEL, Travaux de fouille et d'oubli, Champ Vallon, 1999

     

     

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  • Gérard TITUS-CARMEL avec COMPAGNE

    visage,compagne,

     

    glissée comme écharde

          sous la peau cette mort

    que je transporte avec moi

     

    ma compagne d'exil et d'attente

    partageant mon ombre

    tout le gain de mon jour

     

    et corps pour corps

     

    c'est au défaut de ma chair

    que je loge

          cette demeurante

     

    Gérard TITUS-CARMEL, Travaux de fouille et d'oubli, Champ Vallon, 1999

     

     

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  • Véra FEYDER au MATIN

    affiche,école,loup,

     

    ...

    Matin gluant comme une affiche fraîche

    du sang qui va l'éclabousser

    et coller tout au long

    à la peau moîte du jour

     

    qu'il va falloir

    malgré cela

    vivre

    jusqu'au bout

    et achever

     

    comme si de rien n'était...

     

    Véra FEYDER, Contre toute absence, Le Taillis Pré, 2006

     

     

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