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  • ARBRES

    arbres,vitre,train,

     

    Ce lilas s'effeuille. 
    Il tombe de lui-même
    et cache son ancienne ombre. 
    Je dois mourir de choses de ce genre. 
    Alejandra Pizarnik, Extraction de la pierre de folie, 1968

    Ce seringa exhale. 
    Il s'enivre de lui-même
    et rêve son ancienne naissance
    Je dois grandir de choses de ce genre. 

    Ce marronnier s'étoffe. 
    Il prospère de lui-même
    et habille son ancien squelette
    Je dois m'épaissir de choses de ce genre. 

    Ce cyprès se morfond. 
    Il s'endeuille de lui-même
    et oublie son ancien prestige
    Je dois m'élancer de choses de ce genre. 

    Ce cèdre se bâtit. 
    Il s'abrite de lui-même
    et héberge son ancienne sécheresse 
    Je dois m'abreuver de choses de ce genre.

     

     

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  • Les YEUX selon Alejandra PIZARNIK

    oeil,pomme,trognon,

     

    Seulement signe

     

    O allume

    tes yeux

    de la couleur de naître

     

    Alejandra PIZARNIK, Œuvre poétique, Actes Sud, trad. Silvia Baron Supervielle, 2005

     

     

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  • Emmanuel HOCQUARD et les MOTS

    froid,vert,céramique,

     

    ...

    Nous avons tout ce temps pour nous.

    Tout le temps de peser nos phrases, car la venue du froid

    n'est pas en elle-même un événement.

    Les anciens mots conviennent aux situations nouvelles

    et les vieux commentaires nous serviront bien encore cet hiver.

    User des mêmes mots sera notre manière

    de nous taire sans avoir l'air de laisser mourir

    la conversation.

    ...

     

    Emmanuel HOCQUARD, Les élégies, POL, 1990

     

     

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  • OUI

    euphorbes,

     

    Ce ne serait que trois voyelles 

    vibrantes au bas d'un mur d'avril

    devant la force d'un pissenlit

    ou aux confins d'une pommette

    pour l'effluve d'un regard tangeant

    Et encore en mille autres lieux 

    comme autrefois de Liberté

    on écrivit le nom

     
     

    Trois voyelles

    qui boudent des lèvres trop sèches

    méprisent les palais inutiles

    et toute la peine de leurs pierres

     
     

    Trois voyelles entrevues

    où personne jamais n'écrirait

    ni prénom ni idéal

    mais où l'on goûte enfin

    toute enfance ressouvenue

    à la chair du monde

     
     

    Trois voyelles qui diraient simplement

    d'un souffle

    oui

     

     

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  • ARAIGNÉE

    seringamatin,

     

    travail

    de nuit

     

    silence

    de l'aube

     

    l'horloge

    muette

    de l'araignée

     

     

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  • MES AFFAIRES

    île,cité,pont,seine,

     

    Préférant cheminer débobinant le fil infini des circonvolutions de rêveries nébuleuses ou de corvées inventées, je tourne tout autour, pour ne pas les voir, et surtout ne pas m'en occuper, de quoi ? de mes affaires, celles qui se comptent en temps et en argent, espèces sonnantes aux oreilles les plus nombreuses. À demain toujours remises, elles sont le prix pour le pain quotidien d'une quiétude, sucrée d'autres intranquillités.

    Ne pas m'occuper de mes affaires.

     

     

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  • Le POÈME selon Alejandra PIZARNIK

    porte,grenier,,

     

    ...

    Si seulement je pouvais ne vivre qu'en extase, façonnant le corps du poème avec mon corps, rachetant chaque phrase avec mes jours et mes semaines, insufflant dans le poème mon souffle alors que chaque lettre de chaque mot a été immolée dans les cérémonies du vivre.

     

    Alejandra PIZARNIK, Œuvre poétique, Actes Sud, trad. Silvia Baron Supervielle, 2005

     

     

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  • DANSE

    bug,

     

    hasard des bruits

    et des mouvements

     

    volonté du son

    et du geste

     

    danse

    du hasard

    et de la volonté

     

     

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