Capri
mépris
nu
plus rien
que du bleu
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Capri
mépris
nu
plus rien
que du bleu
Cette manie de me savoir un ange,
sans âge,
sans mort où me vivre,
sans piété pour mon nom
ni pour mes os qui pleurent à la dérive.
...
Alejandra PIZARNIK, Œuvre poétique, Actes Sud, trad. Silvia Baron Supervielle, 2005
rameaux d'or
arbre
de foudre
sève répandue
muette
dattes
et figues
dorées
adoucies encore
dans la gorge
de mélismes
Monsieur le chef du gouvernement
Monsieur le chef du gouvernement,
je médite sur les sous-tasses,
sur l'arrangement des fleurs, sur la lumière des bougies parfumées,
sur les couteaux scintillants,
sur les nappes propres tendues sur la table
sur la glace à la pistache que vous aimez tant
(goût précieux et inconnu partout ailleurs)
sur le sorbet aux fruits de saison
qu'aime votre femme
fraises aujourd'hui, citron à l'été
la vanille pour les enfants.
Monsieur le chef du gouvernement,
vous devez être fier de votre pays
quand vous le regardez de vos yeux clos.
Oubliez toute trace de destruction et de feu
vouloir vivre sur le fil ce n'est pas contestable
rien à craindre de cela.
Et l'occupation est comme élémentaire
regardez comme sont belles les plantes grimpant sur le balcon
agrippées à la grille.
Et cela nous donne aussi une raison de nous tenir des années durant au carrefour
et chanter.
Monsieur le chef du gouvernement,
peu importe comme on passe
comme on se sent
comme on se bat
comme on chute, comme on prie
combien on nous promet de victoires par KO
comment on revient à la vie.
Quelqu’un a dit : le Mont du Temple est à nous
le Mont du Temple est à nous, toujours,
et un autre a répondu : beau travail, beau travail
(les armes silencieuses)
nous léguant le futur
nous laissant la tête dans le ciel
le corps dans des encoches, dans les fissures,
restant ainsi des années, des années.
Monsieur le chef du gouvernement,
salut
et quand vous quitterez votre résidence
enfilez un pull ou au moins nouez-le à votre cou.
Anat ZECHARIA, traduit de Lyrikline
Plutôt le vol de l’oiseau qui passe sans laisser de trace,
que le passage de l’animal, dont l’empreinte reste sur le sol.
L’oiseau passe et oublie, et c’est ainsi qu’il doit en être.
L’animal, là où il a cessé d’être et qui, partant, ne sert à rien,
montre qu’il y fut naguère, ce qui ne sert à rien non plus.
Le souvenir est une trahison envers la Nature,
Parce que la Nature d’hier n’est pas la Nature.
Ce qui fut n’est rien, et se souvenir c’est ne pas voir.
Passe, oiseau, passe, et apprends-moi à passer!
Fernando PESSOA, Le gardeur de troupeau, 1914, Je ne suis personne, Bourgois, 1994
D'instant en instant
D'instant en instant
Germe le temps qui me tisse
File le temps qui me traque
S'écourte le temps qui me fuit
D'instant en instant
Captif du temps qui s'élance
Je navigue
Sur les jeux du songe
Sur le flux du présent
Sur l'élan de l'âme
Sur les remous du cœur
D'instant en instant
Au rythme du temps qui nous modèle
Nos ombres se démènent
Sur la toile de la vie.
Andrée CHEDID, Poèmes pour un texte, Flammarion, 1991
le grenier
gagné
sur les araignées
paille
et poutres
œil-de-bœuf