hématomes noirs
couvrant la peau
des tambours
puis
afflux de sang
irriguant le silence
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hématomes noirs
couvrant la peau
des tambours
puis
afflux de sang
irriguant le silence
épis
pour le stationnement
gerbes
au cimetière
sous le bitume
du sang d’Abel
dans la plaquette
du sang du poète
épanchement
sans frein
... bonne année sans frein à tous les suiveurs de ce vent !
C'est toujours un peu tard que tu pleures
emmailloté dans ton habit bleu
qu'aura maculé de brun la guerre
de sang tout encroûté, de gros bleu.
C'est sur la bêtise que tu pleures
poilu, soldat de dieu, casque bleu
sur les désastres des grandes guerres.
S'il reste du carburant, tu pleures
encore sur les petites guerres
celles pour les débutants, la bleu-
saille, enfin sur les moyennes guerres.
Et toi, là, qui par contre ne pleures
pas, tu en redemandes des bleus
des coups, des plaies, des bosses. Tu pleures
de ne les rendre qu'en temps de guerre.
avec trois mots pris dans les titres de Franck Venaille
Jacques JOUET, Poèmes avec partenaires, POL, 2002.
Même au milieu du désert, toutes fleurs absentes, il y a des couleurs qui pointent, un cœur qui bat
qui prêche que sève et sang, par toutes les artères, par tous les vents de la rose, nourrissent le monde
Et la fleur qui manque ici offre son sourire, à l'antipode de notre hiver, à des cœurs étrangers
Ma douceur égorgée
Ma douceur égorgée
comme un agneau de mai
je la donne à manger
aux filles qui viendront.
Que ce qui fut confiance
chaudement prodiguée
descende dans leur corps
et y fasse ravage.
Qu'il leur en vienne un sang
dépourvu de velours.
Qu'on voit entre leurs lèvres
blanchir les dents du loup.
En plein terreau du cœur
et dans leurs mains ouvertes
je rêve d'une rose
qui fleurirait granit.
Anne-Marie KEGELS, Les chemins sont en feu, Rougerie, 1973.
À New York
New York ! je dis New York, laisse affluer le sang noir dans ton sang
Qu'il dérouille tes articulations d'acier, comme une huile de vie
Qu'il donne à tes ponts la courbe des croupes et la souplesse des lianes.
Voici revenir les temps très anciens, l'unité retrouvée la réconciliation du Lion, du Taureau et de l'Arbre
L'idée liée à l'acte l'oreille au cœur le signe au sens.
Voilà tes fleuves bruissants de caïmans musqués et de
lamantins aux yeux de mirages. Et nul besoin d'inventer les Sirènes.
Mais il suffit d'ouvrir les yeux à l'arc-en-ciel d'Avril
Et les oreilles, surtout les oreilles à Dieu qui d'un rire de saxophone créa le ciel et la terre en six jours.
Et le septième jour, il dormit du grand sommeil nègre.
Léopold SEDAR SENGHOR, Ethiopiques, Seuil, 1956
Ô vieil Hindou
Ta faim, ô vieil Hindou, est réelle et pas une image de la faim
comme chante le poète Kalos.
Elle est si réelle, ta faim, que si le poète qui te contemple ne te donne du riz, tu tomberas sur les pierres.
Ta chute sera réelle, ô vieil Hindou, et pas une image de la chute
comme chante le poète Kalos.
Si réelle, mon ami, que du sang jaillira de ton nez, si le poète ne
panse la plaie avec une pâte de figues.
Ton sang sera réel, ô vieil Hindou, et pas une image du sang, et
quand tu n'en auras plus ton cœur fera silence.
Et le poète soulèvera délicatement ta paupière, regardera ton œil
et dira que tu es l'image de la mort.
Mais toi, ô vieil Hindou, tu sera mort, réellement mort, si mort
que les mouches se jetteront sur ton odeur.
Alors, le poète Kalos, pour oublier ce mensonge, ira manger un plat poivré,
puis soufflera de l'air dans un bout de roseau.
David SCHEINERT, Sang double, 1962.