on jette des routes
on dresse des murs
le sang aussi a ses préférences
entre les hommes
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on jette des routes
on dresse des murs
le sang aussi a ses préférences
entre les hommes
un glaive ne sait pas tuer le vent
les martyrs rendront le souffle
dans un sang bien temporel
L'intensité de l'ampoule fléchit, et la confusion brouille nos oreilles
Frères de sang, poésie et silence s'évident
‘round midnight
Toutes les nuits, tu as de petites peurs
Souples et malléables comme des bras d’enfant
Autour de tes épaules nues
Tu crains qu’il soit l’heure
Des cambrioleurs roux
Tu crains que les volets ne se relèvent pas
Restent à jamais coincés
Que la rouille, le brouillard, de mauvaises pensées
Ou de mauvaises rencontres t’imposent leur loi
Tu crains que ce soit lui
Les bras mouillés de sang
Qui vient chercher son dû
Toutes les nuits, tu caches tes jouets
Sous l’oreiller des fées
Dans la botte du géant
Toutes les nuits, tu serres tes angoisses
Tu les tords, les étreins,
Tu les trais ; il en sort
Une transpiration qui te chasse du lit
à la rencontre de bruits, de craquements et de voix
Dont le jour se souvient,
Et des rêves aussi.
Karel LOGIST, Action Poétique n° 185, (Belges & Belges) septembre 20006.
Le froid chatouille mon crâne,
Et comment l'avouerait-on -
Moi aussi le temps me rogne,
Comme il ronge ton talon.
La vie se vainc elle-même,
Et le son fond peu à peu ;
Quelque chose manque à l'appel,
Se souvenir est fastidieux.
Pourtant c'était mieux naguère,
Comparer n'est pas permis
Comme le sang bruissait hier
Et comme il bruit aujourd'hui.
Sans doute n'est-ce pas sans risque
Que ces lèvres-là remuent :
L'arbre murmure et s'agite,
Bien qu'il doive être abattu.
1922
Ossip MANDELSTAM, Le Deuxième Livre (1916-1925), Circé 2002, trad. Henri ABRIL.
Crié d'en-bas
Mon Dieu ! qui m'acculez comme une bête, entre mon père et mon enfant
Quel sang donc versez-vous dans ce tonneau sans fond ?
Pour qui tremblent nos os, fichés dans l'éventaire
De la boucherie rouge où vous ouvrez nos mères
Éventrant une espèce en lui jetant le ciel
Soldant les bas morceaux tombés de votre étal
Lavant à grands seaux d'eau le carreau terminal
Et nous laissant muets, le souffle à ras de terre
Pareils au boeuf lié qui voit l'homme aux bras secs
Lever la masse en fonte et viser dans sa vie
Quand son front fait un bruit de solive pourrie ?...
Luc BÉRIMONT, Les mots germent la nuit, 1951, Poésies complètes Tome 1,
Le Cherche-midi éditeur / Presses univeritaires d'Angers
Rembrandt, Le boeuf écorché, 1655, Musée du Louvre
Pacte
Là-bas sur les remparts ruisselle la foudre
Ici autour de nos vivres l'âme suffoque
Partir ? Ici aussi la mâture chancelle
Mon pacte est un roncier
Je suis balafre
(le vent la ravive ou l'apaise)
Ainsi j'ai signé
La donation est ouverte :
Le sang des mûres aux oiseaux
Le mien à l'oubli.
in Terre-plein, Thierry Bouchard éd.