Crié d'en-bas
Mon Dieu ! qui m'acculez comme une bête, entre mon père et mon enfant
Quel sang donc versez-vous dans ce tonneau sans fond ?
Pour qui tremblent nos os, fichés dans l'éventaire
De la boucherie rouge où vous ouvrez nos mères
Éventrant une espèce en lui jetant le ciel
Soldant les bas morceaux tombés de votre étal
Lavant à grands seaux d'eau le carreau terminal
Et nous laissant muets, le souffle à ras de terre
Pareils au boeuf lié qui voit l'homme aux bras secs
Lever la masse en fonte et viser dans sa vie
Quand son front fait un bruit de solive pourrie ?...
Luc BÉRIMONT, Les mots germent la nuit, 1951, Poésies complètes Tome 1,
Le Cherche-midi éditeur / Presses univeritaires d'Angers
Rembrandt, Le boeuf écorché, 1655, Musée du Louvre
Commentaires
Un poème qui fait de l'effet !...
Oui. C'est saignant.