Ma douceur égorgée
Ma douceur égorgée
comme un agneau de mai
je la donne à manger
aux filles qui viendront.
Que ce qui fut confiance
chaudement prodiguée
descende dans leur corps
et y fasse ravage.
Qu'il leur en vienne un sang
dépourvu de velours.
Qu'on voit entre leurs lèvres
blanchir les dents du loup.
En plein terreau du cœur
et dans leurs mains ouvertes
je rêve d'une rose
qui fleurirait granit.
Anne-Marie KEGELS, Les chemins sont en feu, Rougerie, 1973.