ondoiement
serpentement
du poème
contre-courant
bout de la langue
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ondoiement
serpentement
du poème
contre-courant
bout de la langue
Accroupie sur le seuil et nous tournant le dos
tu lèves le nez vers les acacias
pour parler aux oiseaux ; nous, de la pénombre
nous tâchons de suivre la conversation
vive, sensée, intraduisible
où tu leur racontes en langue indigène
tout ce que les parents ne peuvent entendre
depuis qu'ils sont sortis du ciel en grandissant
Jean-Pierre LEMAIRE, Le pays derrière les larmes, Poésie-Gallimard, 2016.
poèmes à-pic
à perdre pied
langue épicée
pointe de poivre
de la bouche à l’oreille
Le e muet est notre aleph, le souffle atone en qui repose tout le mystère de notre langue, son mouvement, son élasticité. Le e muet, c'est le ressort invisible du français : un point d'énergie qui se comprime ou s'étend - selon l'émotion - et donne à notre langue sa force propulsive. S'il y a une âme au fond de la langue française, c'est le e muet.
Valère NOVARINA, Devant la parole, POL, 1999
démission
de la langue qui doute
ralliement à un ailleurs
plus vert
comme un billet
passés les océans, traversés les déserts, comme prise dans le sel d'une mer morte, la langue s'est asséchée
puis passés deux millénaires à tourner maintes fois dans des cavités d'oubli, elle est revenue vivante
détachée des énigmatiques prophéties, mais à présent claquant sur l'actuel - comme un fouet, une détonation de certitude
Voici, me dit-il, le mortel cerné de toutes parts,
enserré dans les fils de sa langue, son trépas.
Entends sa musique discordante, la bouillie sonore de sa bouche.
Vois comme est insensé son dire, en désaccord flagrant avec le sens de son faire, le destin qui le porte.
Aveugle sous la peau de lumière posée.
Regarde la bête solitaire, foulant les jardins,
alourdie de fatigue, exsangue, frappée en plein regard.
Déracinée, Désertée, Brisée -
Plaies et pleurs et grincements de dents.
Lueur qu'éventra la lame sur l'eau grise.
Parole sous la parole, en mèche de fouet.
Tranquillement elle charrie l'irrévocable venin,
Tranquillement elle dépèce l'incroyable, le clair, te livrant à ton obscurité -
et qui t'entendra dans les hennissements du jour,
du joyeux jour aux blancs poulains ?
Lorand GASPAR, Égée Judée, Poésie-Gallimard,1980.
Sèche est la langue du chamelier : sens du vent et vœux de paix
font sa ration d'eau