Insaisissable
La parure changeante
à la manière d'un prince
proche et lointain
à la mesure d'un dieu
Aux questions
toujours les mêmes silences
et pourtant les hommes
toujours regardent le ciel
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Insaisissable
La parure changeante
à la manière d'un prince
proche et lointain
à la mesure d'un dieu
Aux questions
toujours les mêmes silences
et pourtant les hommes
toujours regardent le ciel
Certes on donne des réponses, mais ce sont des vœux pour les étoiles, des bouteilles pour les flots
C'est de questions qu'il faudrait faire le don, comme de graines à la fenêtre, cailloux pour le chemin
Voici, me dit-il, le mortel cerné de toutes parts,
enserré dans les fils de sa langue, son trépas.
Entends sa musique discordante, la bouillie sonore de sa bouche.
Vois comme est insensé son dire, en désaccord flagrant avec le sens de son faire, le destin qui le porte.
Aveugle sous la peau de lumière posée.
Regarde la bête solitaire, foulant les jardins,
alourdie de fatigue, exsangue, frappée en plein regard.
Déracinée, Désertée, Brisée -
Plaies et pleurs et grincements de dents.
Lueur qu'éventra la lame sur l'eau grise.
Parole sous la parole, en mèche de fouet.
Tranquillement elle charrie l'irrévocable venin,
Tranquillement elle dépèce l'incroyable, le clair, te livrant à ton obscurité -
et qui t'entendra dans les hennissements du jour,
du joyeux jour aux blancs poulains ?
Lorand GASPAR, Égée Judée, Poésie-Gallimard,1980.
Tout est sourire au ciel des anges
On y rêve d'incisives
‘round midnight
Toutes les nuits, tu as de petites peurs
Souples et malléables comme des bras d’enfant
Autour de tes épaules nues
Tu crains qu’il soit l’heure
Des cambrioleurs roux
Tu crains que les volets ne se relèvent pas
Restent à jamais coincés
Que la rouille, le brouillard, de mauvaises pensées
Ou de mauvaises rencontres t’imposent leur loi
Tu crains que ce soit lui
Les bras mouillés de sang
Qui vient chercher son dû
Toutes les nuits, tu caches tes jouets
Sous l’oreiller des fées
Dans la botte du géant
Toutes les nuits, tu serres tes angoisses
Tu les tords, les étreins,
Tu les trais ; il en sort
Une transpiration qui te chasse du lit
à la rencontre de bruits, de craquements et de voix
Dont le jour se souvient,
Et des rêves aussi.
Karel LOGIST, Action Poétique n° 185, (Belges & Belges) septembre 20006.
27. Météore (rue du Pôle - 1210)
Un peu de neige est tombée rue du Pôle,
qui soudain joue à merveille son rôle.
On s’y croirait (s’il n’y avait cette geôle
d’armé béton pour lui donner son drôle
d’aspect. (Jamais nul matou n’y miaule ;
nul chien n’y chie. Rue sans vie, on n’y frôle
que des capots, des banquises de tôle.
(Le promeneur lui tourne les épaules,
préférant se risquer vers la ceinture
pentagonale de bruits et de voitures
jouxtant ces lieux ; (il y voit même un temple
au pseudoclassicisme attique et kitsch
que deux buildings prennent comme en sandwich
(du haut desquels vingt années nous contemplent)).))).
Rossano ROSI, Les Rues parallèles (extraits), Action Poétique n° 185 (Belges & Belges), septembre 20006.
Sommeil qui ne vient d’aucune vallée
et qui ne va vers nulle part
sommeil qui nous cloue
pour y suspendre ses images
Anise KOLTZ, Action poétique n° 138/139, Printemps 1995.
L'illustration est empruntée à Coco qui, elle, ne l'est pas du tout avec des pinceaux...
4, à ma porte
Les contours de l'île commencent à ma porte, quand j'aborde aux plages des heures lisses, jusqu'aux nuits sans menace et sous des étoiles dociles ; ou à rebours quand je déserte les flots domestiques, vers une tribulation sans aventure ni péril, seulement hors la salle des habituelles machines, dans l'animalité de bruits étrangers, et la végétation sombre des visages inconnus.