Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Djalâl-ud-​dîn RÛMÎ et la FLÛTE

    bambous,tiges,

     

    Écoute la flûte de roseau, écoute sa plainte

    Des séparations, elle dit la complainte :

    “Depuis que, de la roselière, on m’a coupée

    En écoutant mes cris, hommes et femmes ont pleuré

    Pour dire la douleur du désir sans fin

    Il me faut des poitrines lacérées de chagrin

    Ceux qui restent éloignés de leur origine

    Attendent ardemment d’être enfin réunis

    Moi, j’ai chanté ma plainte auprès de tous

    Unie aux gens heureux, aux malheureux, à  tous…"

     

    Djalâl-ud-​dîn RÛMÎ, Mathnawî, trad. L.Anvar, Entrelacs

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • TOMBER

    forêt,mousses,

     

    Quand le corps tombe
    dans ces forêts sans nord ni sommeil
    où l'on perd pied
    et se prolonge une nuit de douleurs mutiques
    c'est déjà corps et âme

    L'air se happe par suffocation
    mais la noyade se refuse
    qui délivrerait de cet errement

    Au contraire il faut brasser ces sombres fourrés
    aux mousses agrippées aux pierres
    abstraire son corps et son âme
    de cette antichambre 
    où le peu qui se discerne
    n'évoque que rouille et marbre 
    où se perdent et le corps et l'âme

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Travaux domestiques ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • Paul De ROUX en BAS

    village,clocher,aube,

     

    Bas

     

    La nuit n'est pas finie que le merle parle un peu

    comme dans un ravin, dans l'ombre, très bas :

    petits crissements de noix dans le poing

    quelque chose qui n'éveillera personne - la nuit

    la nuit encore partout avec ses appels de sirènes lointaines

    le merle de dessous le plancher, dans le noir :

    cuisine à l'aube, corps gourds

    préparatifs autour d'une cafetière, si les mots passent

    c'est entre les lèvres qui se déclouent, sommeil

    fatigue, aube froide, toutes sortes de feuilles

    à lever pour trouver un ver.

     

    Paul De ROUX, Le front contre la vitre, Gallimard, 1993

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • MANIVELLE

    fleur,noire,roue,

     

    manivelle

    à tourner

     

    pour la musique

    à danser

     

    et le cycle

    des saisons

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Ordre des choses, Travaux domestiques ▶︎ 3 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • ANGE

    chemin,dalles,jardin,

     

    Malgré les limites du cadre, un ange se tient dans toute la distance de sa verticalité transparente
    son sourire invisible et silencieux, mais s'ouvre un dialogue voué à l'infini, des souvenirs comme des horizons
    les voix sont égales de grâce et l'ange, sans plus de soupçon de vanité, se hisse à hauteur d'homme
    et pour cela renonce à ses ailes qui vicieraient la réalité du monde, fausseraient la distance entre les âmes
    Un effleurement perpétuel serait la douleur de l'ange, comme une voix étrangère qui parlerait par sa voix
    en délivrant du haut vers le bas un message définitif sans les irisations incertaines du dialogue
    Quelques mots de l'ange, glissés sur son regard d'azur et d'un geste économe, voilà sa distance
    voilà la justesse de cordes et de vents qui semblent demander grâce et dont il est le gardien
    quand, bien que toute de pétales, son empreinte demeure, et que personne ne songe à dire un ange passe
    puisque toute gêne est à distance, le dialogue est d'or, et Dieu lui-même acquiesce à cette paix
    Puis bientôt comme par vengeance, attribut éternel du fils d'Adam, le fardeau de la douleur s'abat sur l'ange
    et l'on parle de chute, évoquant à la fois le fleuve qui se rompt et la fin ironique d'une histoire

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Déphasages, Travaux domestiques ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • PERMIS

    visage,bas-relief,

     

    Ombrageux, l'âge noir et blanc de mes parents grise les couleurs de mon âge adulte et mon visage entre ces angles droits reste plat, agrafé et tamponné pour toujours à ce permis de me conduire si rose qu'il permet si peu. D'outre-tombe, la tutelle est plus serrée qu'une ceinture de sécurité et ces aigreurs de préfecture sont plus sèches qu'un freinage à la main.

    Mon visage reste plat.

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Moi, Travaux domestiques ▶︎ 2 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • ÀME

    arbre,tronc,noeuds,

     

    La couleur est la touche, l'œil est le marteau. L'âme est le piano aux cordes nombreuses.
    Vassily Kandinsky

    Le subconscient est le lingot d'or, la conscience est le saphir ciselé. 
    L'esprit est le coffre-fort aux combinaisons infinies. 

    L'estomac est l'horaire, les muscles sont la locomotive. 
    Le corps est le train aux wagons enchaînés. 

    Le cœur est le balancier, l'oxygène est la trotteuse. 
    Le sang est l'horloge au cercle parfait. 

    L'inspiration est la montée de sève, l'expiration est la branche chargée de fruits.
    Le souffle est l'année aux quatre saisons.

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Stéréotypes, Travaux domestiques ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • TOCCATA

    tissu,ombre,

     

    danse

    pour les doigts

     

    quadrille

    sur le clavier

    de la toccata

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Lois de la matière, Travaux domestiques ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent