Seulement signe
O allume
tes yeux
de la couleur de naître
Alejandra PIZARNIK, Œuvre poétique, Actes Sud, trad. Silvia Baron Supervielle, 2005
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Seulement signe
O allume
tes yeux
de la couleur de naître
Alejandra PIZARNIK, Œuvre poétique, Actes Sud, trad. Silvia Baron Supervielle, 2005
yeux bleus
de l'étranger
célestes
yeux noirs
de l'étranger
trop terrestres
on a brûlé la peau de la mort
on a mangé la boule des pleurs
mon corps repousse
a dit le passant
il a mâché de la terre douce
il a dit
je veux des yeux
Bernard NOËL, Un livre de fables, Fata Morgana, 2008
la fille la mienne je veux dire
l'enfant de ma chair la part
féminine de moi-même incarnée danse
sur le parquet "papa regarde" les tours
complets sur un pied ses nattes
volent d'un bout à l'autre de la pièce elle habite
mes yeux, exclusivement.
Thierry Le PENNEC, Un pays très près du ciel, Le dé bleu, 2005
aux bronzes des parcs
des fesses
mais pas d'yeux
règle de l'art
ni de sexe
bienséance
Portes de la nuit
Quand une nuit
s'ouvrent devant chacun les portes
du Destin
on en voit les yeux durs et ronds
galets trop polis
pour paraître des pierres
capables cependant de crever les poumons
emplis d'un air tout neuf
comme ceux de nouveaux-nés
ou de grands enfants
nouvellement nés
à un bonheur promis
mais qui se fracassera à la porte
en une nuit
Je m'étonne que ces yeux soient encore là,
que les pierres mouillées
se soient à ce point attardées à refléter
un ciel exténué
au lieu d'apprendre avec la pluie
à mordre la terre.
Eugénio de ANDRADE, Le poids de l'ombre, La différence, 1986.
...
tu sais que j'ouvre les yeux sous les pierres
puisqu'il y a du ciel à boire
...
Anna JOUY, Ecrit(s) du Nord n° 23 - 24.