Borgés prétendait que la lecture est un art supérieur à l'écriture. En effet, il ne voyait l'écriture que comme un réemploi des écrits précédents.
Au Japon, KYOSHI avait une vision similaire. A propos des "kukaï", assemblées de poètes au cours desquelles les haïkus sont classés et débattus sous couvert d'anonymat, il indiquait que choisir un bon haïku était aussi important que l'écrire.
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BORGES et KYOSHI: l'art de lire
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Le poète
A pénétrer le poème
on peine à se résoudre
S'y sont fixées les idées d'une vie
à force d'être mâchées
méconnaissables
La carcasse du poète
échouée sous les macareux
a des résonnances de cage
Si lourde la houle grise
qu'on s'étonne de son silence
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Haïku du carembar
"Blagues tordantes"sur le paier du carembarAïe! mon estomac... -
Ephéméride
Veille de Toussaint
Se pose une mouche grise
sur l'éphéméride
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De Bernard NOEL: sur les morts
Les morts ont toute la mort
nous une vie
(La Rumeur de l'Air, Ed. Fata Morgana)
Sommeil profond
pendant les va-et-vient du chien
L'hiver s'approche
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De Martin RUEFF: tous et chacun
"le poète transforme la langue de tous en souvenir de chacun"
Un entonnoir, où les paroles communes débouchent immanquablement dans chaque oreille...
Faire une résonnance neuve, avec de vieux métaux...
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De Jean Monod: la vitesse de l'idée
« Quand l'idée va plus vite que la langue, le coeur peut musarder. L'oeil ne cherche plus le point où tout converge par-delà l'horizon. Ce point est devenu un papillon. La belle entrevue, intouchée, descend volontiers les marches du temple...
...Ce monde au coeur duquel vit un regard, ce continent, cette île, née de l'amour d'une idée pour un penseur, est un poème. »
(dans Lumière d'Ailleurs, éd. Les Editeurs Evidant)
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De Jean MONOD
« ...ce qui pour les uns est maladie pour l'autre est chant
...être poète en temps de famine, c'est, chantant, dire ce dont on se nourrit »
(dans Lumière d'Ailleurs, éd. Les Editeurs Evidant)
En temps de sécheresse, ce serait épouser le brin d'herbe...