La machine à écrire vibre de promesses
pour l'apprenti-poète sensible à l'ivresse
Underwood est le lieu des épreuves
et de l'effroi
poésie - Page 6
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Underwood Blues
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Jean FOLLAIN, PEINTRE CHINOIS
La poésie de FOLLAIN agit comme sur ces longs rouleaux laissés par des siècles d'encres chinoises.
Ses personnages y sont à peine visibles, posés dans de vastes paysages où voisinent forêts, ruisseaux, montagnes, cultures...
Comme à vol d'oiseau, on y parcourt des étendues où l'on trouvera aux recoins des fermes des servantes nourrissant les poules, où des conscrits en divagation parmi les seigles.
Les personnages y mènent une existence incidente à tout le reste de la Création, et ne pèsent guère plus qu'une fleur; ils sont pour ainsi dire corollaires aux corolles... -
La VIE en FACE
On lit en conclusion d'un poème de Jean FOLLAIN, publié en 1937:
"Il ne s'agit pas de panégyrique, ô poète
mais de dire les choses
telles qu'elles sont"
Avec FOLLAIN, on est déjà dans la poésie contemporaine, et on ne peut que souscrire au principe qu'il énonce.
Toutefois, on peut imaginer que, s'il a eu l'occasion de dire en public son poème, il l'a déclamé avec force trémolos.
C'est l'avantage de l'écrit, moins soumis au poids des modes. -
L'ARCHER Jean FOLLAIN
« Le poème, comme le tableau, est le lieu miraculeux où se rencontrent comme par nécessité des éléments arrachés pour l’éternité à la contingence de leur trajectoire » et que « partant du détail, de l’anecdotique, la poésie de Jean Follain ne vise rien moins que la totalité. » (Jean-Yves DEBREUILLE).
Ce commentaire vaut sans doute pour d'autres, mais est particulièrement pertinent pour la poésie de FOLLAIN, parfumée à l'encaustique, et sursautant aux craquements des armoires. -
L'INSPIRATION selon Daniel BOULANGER
après des jours devant la porte
avec ce peu d'espoir des pauvres
les grandes images à l'intérieur
tournent sous les lustres
(2ème retouche à l'inspiration, in Taciturnes, Gallimard, 1995), -
LA POESIE COMME SPORT NATIONAL
Vu "Le vent nous emportera", le film d'Abbas KIAROSTAMI.
Apprécié de voir confirmés les propos de Nicolas BOUVIER sur la présence de la poésie dans l'âme iranienne.
Qu'on soit professeur on berger, on peut faire surgir un poëme dans n'importe quelle conversation, il trouvera toujours un écho. -
BORGES et KYOSHI: l'art de lire
Borgés prétendait que la lecture est un art supérieur à l'écriture. En effet, il ne voyait l'écriture que comme un réemploi des écrits précédents.
Au Japon, KYOSHI avait une vision similaire. A propos des "kukaï", assemblées de poètes au cours desquelles les haïkus sont classés et débattus sous couvert d'anonymat, il indiquait que choisir un bon haïku était aussi important que l'écrire.
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Le poète
A pénétrer le poème
on peine à se résoudre
S'y sont fixées les idées d'une vie
à force d'être mâchées
méconnaissables
La carcasse du poète
échouée sous les macareux
a des résonnances de cage
Si lourde la houle grise
qu'on s'étonne de son silence