De Victor SEGALEN, dans sa préface à "Stèles", à propos des caractères chinois:
"Ils dédaignent d'être lus. Ils ne réclament point la voix ou la musique. Ils méprisent les tons changeants et les syllabes qui les affublent au hasard des provinces. Ils n'expriment pas; ils signifient; ils sont."
Kenneth WHITE (in Segalen, théorie et pratique du voyage) voit dans cette conception de l'idéogramme les principes de l'écriture poétique de SEGALEN:
"Mais... il lui fallait encore trouver - puisqu'il n'avait pas vraiment recours à l'idéogramme, sinon en épigraphe, comme un sceau d'éternité, et qu'il ne pouvait par conséquent se servir des formes qui y étaient associées - une forme bien à lui, qui confèrerait à son écriture cette solidité qu'il reconnaissait dans les caractères eux-mêmes".
Poursuivant, sur le ton de la rêverie, on aimerait trouver une parenté étymologique entre la stèle et l'étoile.
Mais le dictionnaire nous détrompe...
Littérature - Page 36
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Les STELES aux IDEOGRAMMES
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UNE ABSENCE NOMMEE DESIR
Avoir la tête dans les étoiles peut donner de grandes satisfactions.
C'est ainsi qu'on apprécie l'étymologie du mot "désir".
Le latin "desiderata" désigne très précisément le de-siderata, c'est-à-dire l'absence d'étoiles.
Désirer serait donc constater l'absence et, dans un sens plus actif, rechercher l'inaccessible.
On imagine alors, si nous étions chinois, la peine à trouver l'idéogramme décrivant ce manque.
Peut-être un ciel noir? -
Edmond JABES et le LIVRE
"Vous aurez à veiller une grande oeuvre: celle que j'écris".
Cet extrait provient d'une lettre adressée à Edmond Jabès à sa future épouse.
Il avait vingt et un ans.
Elle dix-neuf. -
PROMESSE NON TENUE
Romain GARY a publié "La Promesse de l'Aube".
Peut-être est-ce en réponse - et par anticipation ! - que Charles BAUDELAIRE a écrit "L'Examen de Minuit"... -
D'Albert CAMUS, sur le langage:
"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde".
Comme on doit être malheureux, avec un vocabulaire de 500 mots. Comme est épais le brouillard, à qui ne sait trouver la racine des choses.
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Hampâté Bâ et la mémoire
L'écrivain malien Amadou Hampâté Bâ disait: «En Afrique, un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.».
A présent que les bibliothèques brûlent dans l'indifférence, et que les vieillards s'échinent à s'éteindre loin des regards, cette pensée a perdu de son tragique. -
BORGES et KYOSHI: l'art de lire
Borgés prétendait que la lecture est un art supérieur à l'écriture. En effet, il ne voyait l'écriture que comme un réemploi des écrits précédents.
Au Japon, KYOSHI avait une vision similaire. A propos des "kukaï", assemblées de poètes au cours desquelles les haïkus sont classés et débattus sous couvert d'anonymat, il indiquait que choisir un bon haïku était aussi important que l'écrire.
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Littérature, fleurs et absence
Si les fioritures indiquent un manque de fleurs, quelle est donc l'absence qui suscite la littérature?