"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde".
Comme on doit être malheureux, avec un vocabulaire de 500 mots. Comme est épais le brouillard, à qui ne sait trouver la racine des choses.
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"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde".
Comme on doit être malheureux, avec un vocabulaire de 500 mots. Comme est épais le brouillard, à qui ne sait trouver la racine des choses.
L'écrivain malien Amadou Hampâté Bâ disait: «En Afrique, un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.».
A présent que les bibliothèques brûlent dans l'indifférence, et que les vieillards s'échinent à s'éteindre loin des regards, cette pensée a perdu de son tragique.
Borgés prétendait que la lecture est un art supérieur à l'écriture. En effet, il ne voyait l'écriture que comme un réemploi des écrits précédents.
Au Japon, KYOSHI avait une vision similaire. A propos des "kukaï", assemblées de poètes au cours desquelles les haïkus sont classés et débattus sous couvert d'anonymat, il indiquait que choisir un bon haïku était aussi important que l'écrire.
Si les fioritures indiquent un manque de fleurs, quelle est donc l'absence qui suscite la littérature?
Selon Borgés, l'art de lire serait supérieur à l'art d'écrire, et même, le déterminerait. L'écrivain ne serait qu'un collecteur, recyclant les textes qui l'ont précédé, pour en mettre d'autres au jour, qui lui succèderont.
Pierre BERGOUNIOUX est un auteur qui pratique à l'oral une langue d'apparence non seulement écrite, mais en plus une langue centenaire, à la pureté et à la précision rares et devenues presqu'incongrues.
Ce type d'orfèvrerie a disparu des ondes, alors qu'il était l'ordinaire des causeries radiophoniques jusqu'à voici cinquante ans.
C'est un vieux débat de linguistes: cette expression, consacrée, signifie-elle que l'Hébreu est une "langue sainte" ou "une langue de sainteté"?
La frontière entre les deux interprétations, mieux qu'un mur, sépare des routes divergentes.
L'une aboutit bien vite à la certitude, au dogme, à l'autorité, tandis que l'autre chemine rêveusement entre doute et recherche.
Dans une de ses rêveries "sur le jadis", P.QUIGNARD voit les proverbes comme des stalagtites, humidité figée du langage aux parois du temps. Comme des désinences, fruits de la perception des choses et du hasard, arrêtées en un instant précis, et exposées comme en un musée dans la mémoire commune.
Les proverbes logent dans des cavernes à l'odeur de peau d'ours, où l'on ne saurait confondre la proie et son ombre, où l'amoralité ne profite jamais.