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Littérature - Page 37

  • Livre en filigrane

    Un des rares jeux oulipiens que j'affectionne est le filigrane.
    Il s'agit, à partir d'un mot, de recenser différentes locutions construites autour de ce mot, puis de conserver de ces locutions tous les mots qui s'y trouvent, pour composer un texte.

    Un exemple autour du mot "livre".


    Parler comme un noir
    d'Histoire
    d'heures de comptes

    Dévorer un petit rouge de messe
    grand d'art sacré
    d'or blanc
    de caisse de prières

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  • Et si le stylo...

    Dans Eloge de l'Ombre, Junichiro TANIZAKI, sur le mode de la rêverie, imagine ce qu'aurait pu être le stylo, s'il avait été inventé par un japonais.
    Tout d'abord, il lui paraît évident que la pointe métallique n'aurait jamais vu le jour, au profit d'un système privilégiant la plume. De là, l'emploi de l'encre de Chine se serait imposé.
    Dès lors, le papier utilisé traditionnellement dans son pays (que nous appelons aujourd'hui "japon impérial") aurait été le plus adapté, pour sa texture  et ses dimensions, supérieures à notre 21X29,7.

    Jusque là, on est dans l'uchronie: l'auteur s'amuse à modifier un événement historique, pour dérouter la cascade de ses conséquences.
    Mais il va plus loin quand il affirme que le contenu même de la littérature japonaise en aurait été bouleversé. Car selon lui, l'occidentalisation des outils entraîne nécéssairement l'effacement de la pensée orientale et le grippage de ses mécanismes.
    En imposant son stylo et son papier, l'Occident a pesé sur la conception qu'on peut avoir de l'écriture, au point que la construction des romans japonais s'y est pliée, au point de gommer de plus en plus les différences entre les écrits des deux origines.

    Un type de réflexion dont on est incapable, lorsqu'on est dans le camp des vainqueurs...

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  • Singe à son miroir

    Dans Le Voyage en Laponie, de J.F.REGNARD, on trouve - entre autres perles habituelles dans la littérature de ce type - cette idée que les Lapons sont des drôles d'animaux qui, après les singes, sont les plus proches des hommes.
    Cela ne l'empêche pas un peu plus loin de narrer leurs rites de mariage ou leur conversion au christianisme.

    Ce texte a un peu plus de 300 ans, ce qui paraît peu s'agissant de la connaissance des espèces animales, et de la place de l'homme en leur sein.
    Nous pouvons à notre tour nous étonner que les contemporains de Louis XIV fussent à ce point dépourvus des facultés visuelles nécessaires à l'identification des êtres humains.
    ...et des facultés intellectuelles permettant de comprendre que les primates ne sont pas susceptibles de religion.

    On est toujours le Lapon de quelqu'un d'autre.

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  • Ruminations

    Erri De LUCA, au cours d'un itinéraire mouvementé, s'est mis à l'étude de la Bible, dans le texte. Il en a retiré quelques réfléxions et méditations, publiées dans un livre paru au printemps chez Gallimard.
    Il explique que cet exercice matinal lui laisse chaque jour en bouche une saveur dont il se délecte encore plusieurs heures  après.
    C'est donc avec finesse qu'il a intitulé ce recueil Noyau d'Olive.

     

    Bébé endormi
    Les comptines de son disque trottent dans la tête
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  • Toi-même

    "Toi-même, c'est-à-dire le vide inavouable avec lequel tu rivalises".

    Edmond Jabès, avec ce ton prophétique de vieux sage un peu hirsute, nous place face à un miroir étrange, où nous nous regardons combattre un adversaire, dont la forme rappelle celle des moulins à vent.

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  • Le flambeau

     

    Il est des choses que l'on peut écrire même en cabriolet; d'autres demandent le lit, le loisir, la solitude (72ème lettre à Lucilius).

    Il semble que pour les contemporains de SENEQUE, le travail, exercé la nuit, ne pouvait qu'en être meilleur. Le lit, éclairé par un flambeau (lucubrum), en garantissait le sérieux.

    Il en est encore de même aujourd'hui, puisque les écrits conçus hors de cette lueur protectrice sont qualifiés d'élucubrations.

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  • L'usage de la langue

     

    Nicolas Bouvier a bâti sa vie littéraire sur l'écume d'un ancien voyage.

    Son écriture alliait la précision et l'humilité de l'entomologiste. Et en l'écoutant, on était saisi par cette rigueur, qu'il manifestait également à l'oral. Amplifiée encore à la fin de sa vie, par la fixité de son regard.


    Il semble que ce genre de perfection - qui n'est pas l'apanage des écrivains - émane d'une réceptivité au présent, d'une indéboulonnable attention à l'instant, même quand il n'est que l'écho fatigué d'une expérience lointaine.

    Nicolas Bouvier n'a pas raconté son périple: il en a relevé les traces, demeurées présentes, au moment de sa relation.

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