Selon Borgés, l'art de lire serait supérieur à l'art d'écrire, et même, le déterminerait. L'écrivain ne serait qu'un collecteur, recyclant les textes qui l'ont précédé, pour en mettre d'autres au jour, qui lui succèderont.
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L'art de lire selon BORGES
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Quand parle Pierre BERGOUNIOUX
Pierre BERGOUNIOUX est un auteur qui pratique à l'oral une langue d'apparence non seulement écrite, mais en plus une langue centenaire, à la pureté et à la précision rares et devenues presqu'incongrues.
Ce type d'orfèvrerie a disparu des ondes, alors qu'il était l'ordinaire des causeries radiophoniques jusqu'à voici cinquante ans.
Prénoms désuets
sur le monument aux morts
Matinée d'automne -
Hébreu, langue sainte
C'est un vieux débat de linguistes: cette expression, consacrée, signifie-elle que l'Hébreu est une "langue sainte" ou "une langue de sainteté"?
La frontière entre les deux interprétations, mieux qu'un mur, sépare des routes divergentes.
L'une aboutit bien vite à la certitude, au dogme, à l'autorité, tandis que l'autre chemine rêveusement entre doute et recherche.
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Pascal QUIGNARD au pays des proverbes
Dans une de ses rêveries "sur le jadis", P.QUIGNARD voit les proverbes comme des stalagtites, humidité figée du langage aux parois du temps. Comme des désinences, fruits de la perception des choses et du hasard, arrêtées en un instant précis, et exposées comme en un musée dans la mémoire commune.
Les proverbes logent dans des cavernes à l'odeur de peau d'ours, où l'on ne saurait confondre la proie et son ombre, où l'amoralité ne profite jamais.
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Livre en filigrane
Un des rares jeux oulipiens que j'affectionne est le filigrane.
Il s'agit, à partir d'un mot, de recenser différentes locutions construites autour de ce mot, puis de conserver de ces locutions tous les mots qui s'y trouvent, pour composer un texte.
Un exemple autour du mot "livre".
Parler comme un noir
d'Histoire
d'heures de comptes
Dévorer un petit rouge de messe
grand d'art sacré
d'or blanc
de caisse de prières -
Et si le stylo...
Dans Eloge de l'Ombre, Junichiro TANIZAKI, sur le mode de la rêverie, imagine ce qu'aurait pu être le stylo, s'il avait été inventé par un japonais.
Tout d'abord, il lui paraît évident que la pointe métallique n'aurait jamais vu le jour, au profit d'un système privilégiant la plume. De là, l'emploi de l'encre de Chine se serait imposé.
Dès lors, le papier utilisé traditionnellement dans son pays (que nous appelons aujourd'hui "japon impérial") aurait été le plus adapté, pour sa texture et ses dimensions, supérieures à notre 21X29,7.
Jusque là, on est dans l'uchronie: l'auteur s'amuse à modifier un événement historique, pour dérouter la cascade de ses conséquences.
Mais il va plus loin quand il affirme que le contenu même de la littérature japonaise en aurait été bouleversé. Car selon lui, l'occidentalisation des outils entraîne nécéssairement l'effacement de la pensée orientale et le grippage de ses mécanismes.
En imposant son stylo et son papier, l'Occident a pesé sur la conception qu'on peut avoir de l'écriture, au point que la construction des romans japonais s'y est pliée, au point de gommer de plus en plus les différences entre les écrits des deux origines.
Un type de réflexion dont on est incapable, lorsqu'on est dans le camp des vainqueurs... -
Singe à son miroir
Dans Le Voyage en Laponie, de J.F.REGNARD, on trouve - entre autres perles habituelles dans la littérature de ce type - cette idée que les Lapons sont des drôles d'animaux qui, après les singes, sont les plus proches des hommes.
Cela ne l'empêche pas un peu plus loin de narrer leurs rites de mariage ou leur conversion au christianisme.
Ce texte a un peu plus de 300 ans, ce qui paraît peu s'agissant de la connaissance des espèces animales, et de la place de l'homme en leur sein.
Nous pouvons à notre tour nous étonner que les contemporains de Louis XIV fussent à ce point dépourvus des facultés visuelles nécessaires à l'identification des êtres humains.
...et des facultés intellectuelles permettant de comprendre que les primates ne sont pas susceptibles de religion.
On est toujours le Lapon de quelqu'un d'autre. -
Ruminations
Erri De LUCA, au cours d'un itinéraire mouvementé, s'est mis à l'étude de la Bible, dans le texte. Il en a retiré quelques réfléxions et méditations, publiées dans un livre paru au printemps chez Gallimard.
Il explique que cet exercice matinal lui laisse chaque jour en bouche une saveur dont il se délecte encore plusieurs heures après.
C'est donc avec finesse qu'il a intitulé ce recueil Noyau d'Olive.Bébé endormi
Les comptines de son disque trottent dans la tête