Chiens tirés du caniveau, élevés à droit de cité, où Baudelaire promenait ses regards
bien plus que sur les chats, qui gaspillent leur éternité sur les velours d'un photographe
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Chiens tirés du caniveau, élevés à droit de cité, où Baudelaire promenait ses regards
bien plus que sur les chats, qui gaspillent leur éternité sur les velours d'un photographe
On mesure mal le tort fait à la poésie par la photographie.
Les portraitistes d'HUGO et de BAUDELAIRE, par exemple, ont mis le paquet pour nous faire croire à une poésie nécessairement écrasante et sombre.
Le premier, capté sous le poids de son oeuvre, barbe blanche et main soutenant une lourde tempe, est fixé pour l'éternité en baron à la respectabilité ostentatoire.
Le second, lèvres avalées, regard nuageux sous un front tourmenté, cherche à priver les générations à venir de l'idée d'une poésie joyeuse.
Et pourtant...
En choisissant un mot anglais, pour définir l’humeur spéciale de l’homme moderne étouffé par son environnement, Charles BAUDELAIRE ne s’y est pas trompé. Son «spleen», outre la rate sécrétant la bile noire, évoque aussi bien la sombre et industrieuse Londres, que l’Amérique de la foule passante et des bruits mécaniques. Comme aujourd’hui, la langue anglaise est choisie pour résumer la modernité. Ce spleen remplace la «vapeur» des siècles précédents, trop connotée d’oisiveté aristocratique ou de langueur féminine.
Romain GARY a publié "La Promesse de l'Aube".
Peut-être est-ce en réponse - et par anticipation ! - que Charles BAUDELAIRE a écrit "L'Examen de Minuit"...