Sèche est la langue du chamelier : sens du vent et vœux de paix
font sa ration d'eau
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Sèche est la langue du chamelier : sens du vent et vœux de paix
font sa ration d'eau
Par les mouvements du yoga, j'aère la chambre de mon thorax
non comme celle bleue de pauvre Vincent, à grands coups de brosse
prise dans la vague d'un autre bout du monde, où même le volcan semble un enfant
où, sous l'inspiration d'un papillon, les blés d'ici se couchent
mais j'accueille ces flux d'eau et de ciel, expulse ceux des corbeaux
à l'intelligence menaçante pour le cercle de mon souffle
en équilibre sur le fil de l'absence
Maintenant que la jeunesse
S'éteint au carreau bleui
Maintenant que la jeunesse
Machinale m'a trahi
Maintenant que la jeunesse
Tu t'en souviens souviens-t-en
Maintenant que la jeunesse
Chante à d'autres le printemps
Maintenant que la jeunesse
Détourne ses yeux lilas
Maintenant que la jeunesse
N'est plus ici n'est plus là
Maintenant que la jeunesse
Sur d'autres chemins légers
Maintenant que la jeunesse
Suit un nuage étranger
Maintenant que la jeunesse
A fui voleur généreux
Me laissant mon droit d'aînesse
Et l'argent de mes cheveux
Il fait beau à n'y pas croire
Il fait beau comme jamais
Quel temps quel temps sans mémoire
On ne sait plus comment voir
Ni se lever ni s'asseoir
Il fait beau comme jamais
C'est un temps contre nature
Comme le ciel des peintures
Comme l'oubli des tortures
Il fait beau comme jamais
Frais comme l'eau sous la rame
Un temps fort comme une femme
Un temps à damner son âme
Il fait beau comme jamais
Un temps à rire et courir
Un temps à ne pas mourir
Un temps à craindre le pire
Il fait beau comme jamais
Louis ARAGON
Nous étions arboricoles, et nous voici des animaux de plaine ; végétariens, et nous voici carnivores, sans avoir ni les dents ni les jambes pour cela. Mais justement, je crois que notre force viendra de ce que nous ne sommes pas des spécialistes. Faudrait-il nous remettre à quatre pattes et nous faire pousser des canines ? Ce serait rétrograde. Les lions et les loups savent chasser. Mais quoi d'autre ? Rien du tout.
Roy LEWIS, Pourquoi j'ai mangé mon père, 1960 et 1990 pour la traduction française de Vercors et Rita Barisse pour Actes Suds.
LE LANGAGE
Le langage appartient aux oiseaux
Je suis trop homme pour voler
Je reste là comme une maison sur le monde
Et bâtie de terre épaisse
Je suis à peu près celui
Qu’abrite l’intérieur des murs
Et qui coule derrière les fenêtres
De la petite chambre bleue
Elle sent l’amour et l’engrais
Il y a une plante dans une cage
Le langage appartient aux oiseaux
L’homme s’abrite dans les mots.
Gerrit KOUWENAAR, Action Poétique n° 91, mars 1983.
Le froid chatouille mon crâne,
Et comment l'avouerait-on -
Moi aussi le temps me rogne,
Comme il ronge ton talon.
La vie se vainc elle-même,
Et le son fond peu à peu ;
Quelque chose manque à l'appel,
Se souvenir est fastidieux.
Pourtant c'était mieux naguère,
Comparer n'est pas permis
Comme le sang bruissait hier
Et comme il bruit aujourd'hui.
Sans doute n'est-ce pas sans risque
Que ces lèvres-là remuent :
L'arbre murmure et s'agite,
Bien qu'il doive être abattu.
1922
Ossip MANDELSTAM, Le Deuxième Livre (1916-1925), Circé 2002, trad. Henri ABRIL.
Sept formes pour un verbe, par le jeu des mirages, donnent sept verbes différents, à chacun sa tribulation
Économie du désert où l'on bâtit de sable sur le sable, et parole frugale par manque d'eau à la bouche
qui essaime cependant par-delà la sècheresse des dunes et disperse en tous sens tous ces précieux pollens