Mathias LAIR indique dans Décharge n°139 pourquoi longtemps il a évité d'écrire.
C'est qu'il y voyait « un signe de mort, lié peut-être au spectacle qu'affronte un jour ou l'autre le tout petit enfant: l'adulte est là, le plus souvent assis, devant lui, il s'est immobilisé. Il ne regarde plus rien, les yeux fixes, il ne parle plus. Quand on lui tire la manche, il s'anime un peu, pour protester: « laisse-moi, je lis! » Ça a l'air de lui convenir, cette allure de cadavre. Telle est la première association de l'écrit à la mort que j'ai sans doute faite, moi aussi. »
La page est un linceul blanc, où un souvenir repose.
Sur du vent - Page 305
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CI-LIT PAPA
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BOUDER (définition)
bouder, v.tr. et intr.: manifester par son attitude de l’humeur, du mécontentement.
Bien qu’il s’agisse par cette action de marquer du détachement, voire de la distance, le mot est sans parenté avec Bouddha.
Son étymologie est en réalité onomatopéique, et évoque le mouvement des lèvres du boudeur.
De là le synonyme faire le groin.
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OEIL pour OEIL, PIED pour PIED
Le Dr Bruno HALIOUA publie "La Médecine au Temps des Hébreux" (Ed. Liana Lévi).
Il y signale une définition inattendue, tirée du talmud, et donc deux fois millénaire, c'est dire si elle est empreinte de sagesse.
Selon cette tradition, le vieillard serait celui qui ne saurait plus, en équilibre sur un pied, se chausser l'autre.
Et puisqu'il fait beau, on invitera chacun à en faire le test dans le jardin, par précaution derrière un noisetier encore feuillu.
Bonne chance à tous!
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L'ÉCRIT, PÈRE de L'OUBLI
Par sa fixité, l'écrit nous rassure, tandis que la parole, volatile, n'est pas digne de confiance.
Pourtant, dans le Phèdre, PLATON avait les préventions inverses, propres à son époque, comme l'expose Jean-Pierre VERNANT:
« Platon, déplorant l'invention de l'écriture, indique qu'en substituant à l'effort propre de la remémoration la confiance en des empreintes extérieures à l'esprit, elle permettra à l'oubli de s'introduire dans l'âme par absence d'exercice de la mémoire ».
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L'ART du CONTRE-PIED
Entendu Guy ROUX, à propos de la Fédération Française de Football:"Le conseil fédéral lit L'Equipe, et applique.
Et DOMENECH fait le contraire".
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Le BONHEUR EST dans le PRÈS
Michaël Edwards dans Temporel n°6 (http://temporel.fr/Croire-Dieu-au-sein-de-la-vie):
« le défi véritable de la poésie, pour moi, est de s’aventurer résolument dans le connu, l’habituel, afin d’y trouver, plutôt que dans des mondes imaginés, le jamais vu et le jamais dit. »
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CRUCIVERBISTE (définition)
cruciverbiste n,m : bretteur ayant renoncé à l’épée, et préférant croiser les mots que le fer.
Il arrive aussi que, moins héroïquement, on croise les mots comme on reste les bras croisés.
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UN qui EST
Le mot « inquiet » opère à l'inverse de la plupart des adjectifs: habituellement, la forme préfixée d'un adjectif lui donne son sens le plus négatif.
Par exemple, l'homme malhonnête est à éviter, une décision injuste fait scandale, et l'infortuné convive fait pitié.
Mais l'homme inquiet témoigne d'une clairvoyance supérieure, tandis que le quiet souffre des limites de son entendement.
GIDE le notait en 1932 dans son Journal:
« Il y a toujours eu, en regard des satisfaits qui s'installent dans l'époque présente où ils prospèrent et s'engraissent, des esprits inquiets que tourmente une secrète exigence, que ne satisfait point le bien-être égoïste et qui préfèrent la marche au repos. »
Marchons! Qu'un sans inquiet abreuve nos vaisseaux!