Nous prononçons des mots qui n'ont pas de corps. Syllabes muettes sur nos lèvres, nous ne les entendons pas résonner dans nos voix. Ils viennent de plus loin que ceux que nous échangeons. Nous les savons sans savoir comment. Glissés en nous, ils existent dans l'absolu silence. Ils ne s'inscrivent pas sur la langue, la main ne peut les tracer. Ils nous apprennent l'imprononcé et la métamorphose.
Ce que nous disons est toujours faute de mieux.
Sylvie FABRE G., Dans la lenteur, Editions Unes, 1998