Le corps
Elle allait
à sa droite un ange gardien
à sa gauche un garde du corps
Prenez l'âme
dit l'ange à l'homme
moi cette nuit
je garde le corps
André SCHMITZ, in Ici on parle flamand et français, Le castor astral, 2005.
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Le corps
Elle allait
à sa droite un ange gardien
à sa gauche un garde du corps
Prenez l'âme
dit l'ange à l'homme
moi cette nuit
je garde le corps
André SCHMITZ, in Ici on parle flamand et français, Le castor astral, 2005.
Le e muet est notre aleph, le souffle atone en qui repose tout le mystère de notre langue, son mouvement, son élasticité. Le e muet, c'est le ressort invisible du français : un point d'énergie qui se comprime ou s'étend - selon l'émotion - et donne à notre langue sa force propulsive. S'il y a une âme au fond de la langue française, c'est le e muet.
Valère NOVARINA, Devant la parole, POL, 1999
Je veux vivre jusqu'à ce que les mots de ma bouche ne soient plus que voyelles et consonnes, peut-être seulement des voyelles,
seulement de douces sonorités,
l'âme qui est en moi reste la dernière langue étrangère
que j'apprends.
...
Yehuda AMICHAÏ, début fin début, Ed. de l'éclat, 2001, Trad. Michel Eckhard-Elial.
3, passage
Combien nu devant la mort l'homme qui choisit le chien, après une vie de chère, pour garder son âme des tourments du prix à payer pour son passage, l'animal pourtant fidèle au seul instant, enchaîné lui-même aux appétits immédiats. Combien fou qui ne craint de s'attarder aux charognes des fossés.
si je dois une âme avoir,
elle coule au sucre de l'été,
murmure sur les pentes du monde,
est un peu de chaque brindille
mon corps, sois là
dans l'odeur des poires vieillies,
la lumière qui transige avec l'humain
mon âme, emplis le mot qui te dit
et conspire à toutes les réconciliations !
Jean-Christophe BELLEVEAUX, Caillou, Gros textes, 2003.
Poires ou autres fruits, le sucre est un peu rare cette année. Il faudra compenser par de l'esprit de corps et de la grandeur d'âme.
Restons encore un peu dans cette ambiance funèbre avec Les mots de ma vie, de Bernard PIVOT :
Âme
À notre mort, c'est l'accent circonflexe, le chapeau de l'âme, qui s'envole, aspiré par de puissants courants d'air métaphysiques. Après quelques jours, semaines ou mois - comme les météorologues, les théologiens ne sont pas d'accord sur le temps à long terme -, le chapeau parvient à un vestiaire immense aux murs couverts d'innombrables porte-manteaux. Tout naturellement il s'accroche à l'un d'eux. C'est là, dans les patères noster, qu'il attend le Jugement dernier.
Albin Michel, 2011.