Nous avions commencé à trinquer, nous qui, depuis toujours, avions regardé le soleil se lever et se coucher tous les jours aux mêmes endroits.
Sony LABOU TANSI, Le commencement des douleurs, Seuil, 1995
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Nous avions commencé à trinquer, nous qui, depuis toujours, avions regardé le soleil se lever et se coucher tous les jours aux mêmes endroits.
Sony LABOU TANSI, Le commencement des douleurs, Seuil, 1995
Les mollets lourds
de la poussière des sentiers
on rêverait de l'accord des bois
parfait de désordre
inspiré
goûterait de confiance
le mystère d'un gamelan à venir
dans le juste hasard d'une ondée
grand-œuvre vertical
consolant de son lait végétal
libéré des écorces
La bouche sèche
de la poussière des sentiers
j'envierais ce parler clair
ensemble percuté et fluté
par la grâce de bras anonymes
et de poitrines sans nombre
confondues
Non, je n'irai pas à la ligne. Le texte doit continuer d'un seul tenant, bloc d'opacités dissimulant toutes les extensions, les contractions, les dilatations des temps, des paroles, des lieux, des silences. Non, je n'irai pas à la ligne pour indiquer le suspens, la pause, le hoquet, le saut. J'exige un fondu-enchaîné interrompu entre le là-bas d'autrefois et le ici de maintenant.
Dominique ROLIN, L'infini chez soi, Denoël, 1980.
Jour sans pain par son allongement et parfois d'hostie attendu comme le messie d'un soleil éternel qui pourtant chutera dans l'heure liquide d'un crépuscule monochrome, c'était dimanche. Il aurait fallu en maître du temps y dresser un zénith perpétuel, effaçant les mirages des routes rectilignes et tous leurs points de fuite, y souffler les vieilles lunes pour se dégager une voie toute de lait.
Ge 2
L'histoire est familière
du septième jour
insatisfait
et du souffle nécessaire
au sec de la terre pour l'animer enfin
comme du jardin arpenté
mais de si lointaine mémoire :
combien d'arbres
et quels fruits donnaient-ils ?
Et par quel côté entra la femme ?
presque totale obscurité la forme
de son visage tenu le fouet
des cheveux tressés elle sort
de la douche se sèche
étendue dans la nuit des jours les plus longs
ceux du foin des légers coups de tiges
sur la peau les frissons font venir
l'envie de se mettre sur le côté
de l'homme l'ourlet des fesses bien contre lui.
Thierry LE PENNEC, Un pays très près du ciel, Le dé bleu, 2005
La vie n'existe pas davantage que le temps. La survie est la seule réalité de ce monde.
Dominique ROLIN, L'infini chez soi, Denoël, 1980.
ombre
du doute
zone grise
contours de la réalité