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  • HAÏKU du PARAPLUIE

    sacré mamie,

    Une sacrée mamie, Yoshichi Shimada et Saburo Ishikawa, Delcourt, 2009

     

     

    Douce pluie d'automne -

    Dans les pages du manga

    Ozu qui se cache

     

     

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  • La RÈGLE DU JEU selon Christian DOTREMONT

    cartes,jeu,règles,

     

    LES JEUX ET LES RIS

     

    La gallimarde se joue à la vente.

    Les hostiles sont d'élite et se placent à la caisse, une thora en bandoule.

    Le paulhan d'as vaut dix points.

    La queninte d'atout vaut quatre points (et demi).

    La gidolle de quarte, dite* aussi nobelle, vaut un point.

     

    La curée se joue à la grand-guignolle.

    Le commissaire distribue les hosties aux commissionnaires.

    Celui qui a le plus d'hosties a droit au hamac de première.

     

    La surrénale se joue en lieu-commun.

    Est dit grand-surrénal qui a le plus de mow avec le moins de pliw.

     

    La bloumisse est réservée aux intellèques.

    Il s'agit de jongler avec des boulettes de bourre peintes en rose vif.

    Le victorien est celui qui avale toutes les boulettes.

    Il est sacré lèche-gaulle.

     

    La troumaniaque se joue en banque anti-russe.

    La bombatte vaut dix points.

     

    Le véto moral est reservé aux possesseurs de bombatte.

     

    La coloniale se joue à la grosse.

    Un noir vaut un quart de point.

    Dix jaunes valent un noir.

    Une grosse est d'un million de points.

    Le tueur qui lève dix grosses est mis en statue.

     

    La belgeambe se fait** du côté sinistre.

    Les plis se disent pluie.

    Il s'agit de prendre un tramignoul par dix degrés sous zéro.

     

    Christian DOTREMONT, 1948, Œuvres poétiques complètes, Mercure de France, 1998

     

     

    * le texte dit "dit"

    ** le texte dit "faire"

     

    Ce manque de rigueur nous semble préjudiciable à l'équilibre du jeu.

     

     

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  • ÉQUINOXE VERSUS St JEAN

    st Jean,solstice,équinoxe,

     

    Eh vous... les deux saints Jean !...

    les équinoxes furent plus subtiles, qui jamais n'ont ployé sous l'auréole

     

     

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  • Christian DOTREMONT dans la GRANDE ARCHE

    plumes,poules,

     

    ...

    Deux par deux les oiseaux

    dans la grande arche de l'air

    dans un déluge de plumes

                avec quoi j'écris ces poèmes

    Deux par deux les poèmes

    dans le grand déluge du langage

    les rames de papier le "canot de l'amour"

                avec quoi j'écris ces poèmes

    Deux par deux image et poème

    comme les guillemets

    pour s'embrasser eux-mêmes

    dans la grande arche de la mer de Chine

                où je trempe les plumes

    Deux par deux le ton la chanson

    ...

     

    Christian DOTREMONT, Les jambages du cou, 1949 in Œuvres poétiques complètes, Mercure de France, 1998

     

     

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  • TU CONJUGUERAS

    tuer,jean-baptiste,

     

    Le plus parfait des verbes tu conjugueras, qatal, le verbe tuer, choisi pour l'exemple

    pour rendre vie au Verbe retourné sous les sables - mais pas aux corps qu'on a précipités sous les cendres,

    ce crime-là était presque parfait -

     

     

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  • T. CARMI : la MER REVIVRA

    mer,mourir,revivre,

     

    HISTOIRE

     

    Quand la femme du village de pêcheurs m'a parlé

    De son mari qui avait disparu

    Et de la mer qui revient mourir devant sa porte soir après soir

    J'ai gardé silence.

    Je ne pouvais pas dire à la nacre de ses yeux

    Ton bien-aimé reviendra, ou

    La mer revivra.

     

    (Il y a des jours où je n'arrive même pas à te dire

    Un seul mot.)

     

    T. CARMI, Prisme, 11 poètes israëliens contemporains, Obsidiane, 1990. (Trad. Emmanuel MOSES)

     

     

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  • Edmond JABÈS : LAISSEZ DONC

    morts,cimetière,

     

    ...

    Laissez donc laissez

    les morts décomposer

    nos phrases d'errants

    laissez-les s'acharner sur chaque lettre

    tailler nos maux

    trier nos joies

    frapper dans le tas

    Ils ont la clé

    Ils sont les maîtres

    avec leurs paroles et leurs gestes

    essentiels

    avec leur mot de passe

    pour l'éternité

    ...

     

    Edmond JABÈS, Marche à vif jusqu'à l'homme, NRF Poésie/Gallimard Télérama, 2015

     

     

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  • Yaïr HOURVITZ : JE ME CONTENTE d'un LAC

    pente,montagne,

     

    ...

    Le silence qui complète le texte dans le village du pêcheur, de l'homme des champs,

    Lieu où main mauvaise n'a pas porté d'ombre,

    M'a appelé. Je pense aux descendants

    Des animaux anciens qui se frayent une existence

    Entre les icebergs de la mer de Behring, et que

    Le courage me manque d'être parmi eux -

    La crainte du froid gagne en moi comme l'obscurité.

    Je me contente d'un lac, d'une pente, d'un nuage cassé

    Au sommet d'une montagne, pareil à une fumée s'échappant d'un cratère,

    De la voix intérieure qui a remué en moi une appartenance

    Et dont j'ignore le sens, en vérité.

     

    Yaïr HOURVITZ, Prisme, 11 poètes israëliens contemporains, Obsidiane, 1990. (Trad. Emmanuel MOSES)

     

     

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