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  • CASSE-TÊTE FINNOIS!

    On dit de l'écrivain finlandais Mika WALTARI qu'il souffrait d'une telle fureur d'écrire qu'il s'imposait à lui-même des cures de sevrage, soit en milieu hospitalier pour se désintoxiquer de sa graphomanie, soit dans le cadre de sa production littéraire, en se limitant à vingt pages quotidiennes.
    Par crainte de sombrer dans les profondeurs de l'excès, il repectait cette auto-limitation jusqu'à laisser démembrés les mots qui tentaient de sauter la barrière.

    Cette attitude évoque celle du joueur qui se fait interdire l'entrée des casinos de France... pour jouer davantage à Monaco. En effet, en dépit de ce régime, WALTARI a laissé une oeuvre d'un volume exceptionnel.

    Peut-être s'agit-il pour cet usager de la langue finnoise, exclusivement orale jusqu'à lors, de lui faire acquérir en une seule vie d'écrivain tout l'héritage écrit lui faisant défaut.

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  • Le PLEIN de VIDE

    Depuis quelques temps, grâce au dynamisme commercial de GAZ de FRANCE, on peut souscrire à l'offre "Dolce Vita".
    Selon la plaquette du gazier, riche de photos de gens jeunes, beaux et aériens (et pieds nus, comme il se doit), il s'agit de bénéficier de solutions énergétiques au moyen - mais ce n'est pas dit - d'un raccordement de son foyer, en échange d'une redevance.
    C'est donc très exactement ce qu'on appelait autrefois s'abonner au gaz.

    Mais qui, mieux que GAZ de FRANCE, était à même de monter une telle usine à gaz langagière?

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  • CULTURE CULTIVEE

    C'est le nom par lequel, dans des travaux de sociologie, on désigne la culture classique, non encore mâtinée de ses avatars modernes sous forme de rap ou de jeux video.
    La culture cultivée serait grosso modo celle héritée de l'école de Jules FERRY, par opposition à une culture non cultivée (ou inculte?) qui serait spontanée, intuitive, et débitrice du passé dans la seule limite de la production audio-visuelle des vingt dernières années.

    Peut-être vaudrait-il mieux dire "culture culturante", pour conserver le même jeu de nuances qu'avec les concepts déjà renommés de "nature naturante" et "nature naturée", la première étant la puissance rendant possible la seconde.

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  • Jean FOLLAIN, PEINTRE CHINOIS

    La poésie de FOLLAIN agit comme sur ces longs rouleaux laissés par des siècles d'encres chinoises.
    Ses personnages y sont à peine visibles, posés dans de vastes paysages où voisinent forêts, ruisseaux, montagnes, cultures...
    Comme à vol d'oiseau, on y parcourt des étendues où l'on trouvera aux recoins des fermes des servantes nourrissant les poules, où des conscrits en divagation parmi les seigles.
    Les personnages y mènent une existence incidente à tout le reste de la Création, et ne pèsent guère plus qu'une fleur; ils sont pour ainsi dire corollaires aux corolles...

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  • QUELQUES PATTES DE MOUCHES…

    L'insecte est très exactement une créature petite au point de ne pouvoir être découpée.
    L'étymologie est donc ignorante de la cruauté des enfants...

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  • La VIE en FACE

    On lit en conclusion d'un poème de Jean FOLLAIN, publié en 1937:

    "Il ne s'agit pas de panégyrique, ô poète
    mais de dire les choses
    telles qu'elles sont"

    Avec FOLLAIN, on est déjà dans la poésie contemporaine, et on ne peut que souscrire au principe qu'il énonce.
    Toutefois, on peut imaginer que, s'il a eu l'occasion de dire en public son poème, il l'a déclamé avec force trémolos.
    C'est l'avantage de l'écrit, moins soumis au poids des modes.

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  • Les STELES aux IDEOGRAMMES

    De Victor SEGALEN, dans sa préface à "Stèles", à propos des caractères chinois:

    "Ils dédaignent d'être lus. Ils ne réclament point la voix ou la musique. Ils méprisent les tons changeants et les syllabes qui les affublent au hasard des provinces. Ils n'expriment pas; ils signifient; ils sont."

    Kenneth WHITE (in Segalen, théorie et pratique du voyage) voit dans cette conception de l'idéogramme les principes de l'écriture poétique de SEGALEN:

    "Mais... il lui fallait encore trouver - puisqu'il n'avait pas vraiment recours à l'idéogramme, sinon en épigraphe, comme un sceau d'éternité, et qu'il ne pouvait par conséquent se servir des formes qui y étaient associées - une forme bien à lui, qui confèrerait à son écriture cette solidité qu'il reconnaissait dans les caractères eux-mêmes".

    Poursuivant, sur le ton de la rêverie, on aimerait trouver une parenté étymologique entre la stèle et l'étoile.
    Mais le dictionnaire nous détrompe...

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  • L'ARCHER Jean FOLLAIN

    « Le poème, comme le tableau, est le lieu miraculeux où se rencontrent comme par nécessité des éléments arrachés pour l’éternité à la contingence de leur trajectoire » et que « partant du détail, de l’anecdotique, la poésie de Jean Follain ne vise rien moins que la totalité. » (Jean-Yves DEBREUILLE).

    Ce commentaire vaut sans doute pour d'autres, mais est particulièrement pertinent pour la poésie de FOLLAIN, parfumée à l'encaustique, et sursautant aux craquements des armoires.

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