
N'est-il pas plus difficile de nos jours, de découvrir les Indes intérieures que d'aller à Calcutta ?
Hélène CIXOUS, Le livre de Promethea, Gallimard, 1983
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N'est-il pas plus difficile de nos jours, de découvrir les Indes intérieures que d'aller à Calcutta ?
Hélène CIXOUS, Le livre de Promethea, Gallimard, 1983

Je ne suis pas l'infini. Pourtant je voyais l'infini. Parfois on voit Dieu. Voir Dieu n'est pas impossible. C'est Dire qui est au-dessus de nos forces. Ou peut-être au-dessous ? Oui plutôt cela : le mieux que Dire puisse faire, quant à l'infini, c'est de l'appeler Dieu.
Hélène CIXOUS, Le livre de Promethea, Gallimard, 1983

Mais il s'agit aussi de la peine que nous avons normalement à supporter l'infini. Rien ne nous angoisserait autant que le bonheur continu, sinon la découverte que le bonheur tant chéri souffrirait à la longue de n'être pas menacé. Nous sommes faits pour des fragments d'éternité taillés à notre mesure. Nous avons besoin du jour et de la nuit. Nous avons besoin de mourir pour naître. Nous sommes des créatures à recréer et recréer. Il s'agit de notre recréation constante.
Hélène CIXOUS, Le livre de Promethea, Gallimard, 1983

C'est le drame de la traduction qui me tourmente. Se traduire soi-même, c'est déjà un drame, - je veux dire faire passer la vie par des mots, parfois c'est presque la faire passer par les armes ; parfois c'est l'éterniser, parfois c'est l'embaumer, parfois c'est la faire vomir ou mentir, parfois c'est la faire jouir, mais on ne sait jamais s'il va arriver malheur ou bonheur, naissance ou suicide, avant de commencer. Mais traduire quelqu'un d'autre, cela demande le plus extrême orgueil ou la plus extrême humilité.
Hélène CIXOUS, Le livre de Promethea, Gallimard, 1983

Nous prononçons des mots qui n'ont pas de corps. Syllabes muettes sur nos lèvres, nous ne les entendons pas résonner dans nos voix. Ils viennent de plus loin que ceux que nous échangeons. Nous les savons sans savoir comment. Glissés en nous, ils existent dans l'absolu silence. Ils ne s'inscrivent pas sur la langue, la main ne peut les tracer. Ils nous apprennent l'imprononcé et la métamorphose.
Ce que nous disons est toujours faute de mieux.
Sylvie FABRE G., Dans la lenteur, Editions Unes, 1998

Une rafale appelée lac, déferlements, envolées vertes, les vagues gagnent sur les roseaux. L'arbre épouse sa mère par les racines mais devient l'amant de l'eau. Il ne résiste pas, il penche ses branches bouche tendue vers le baiser. Je suis dans le regard où le monde stupéfiant fait voyance.
Sylvie FABRE G., Dans la lenteur, Editions Unes, 1998

Autour des rochers il y a l'écume
et le palmier est entouré
par le vent
les pluies sont des nuages qui tombent
comme mes larmes : gouttes tombées
de mon cerveau
qui se dévoile
jour après jour
jusqu'à la lumière finale.
Etel ADNAN, Je suis un volcan criblé de météores, Poésie-Gallimard, 2023

Il y eut peut-être de ma faute, car à l'âge où la beauté fleurit, je passais déjà les nuits à lire et à écrire. Étant fille de deux êtres d'une beauté parfaite, j'aurais dû ne pas dégénérer, et ma pauvre mère, qui estimait la beauté plus que tout, m'en faisait souvent de naïfs reproches. Pour moi, je ne pus jamais m'astreindre à soigner ma personne. Autant j'aime l'extrême propreté, autant les recherches de la mollesse m'ont toujours paru insupportables.
George SAND, Histoire de ma vie, 1854-55