En me levant, j'ai eu un peu le vertige. Une sensation qui ne m'est pas familière, et que je supporte assez mal. Le savoir purement théorique que le monde tourne me suffit.
Marion GUILLOT, Changer d'air, Minuit, 2015
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En me levant, j'ai eu un peu le vertige. Une sensation qui ne m'est pas familière, et que je supporte assez mal. Le savoir purement théorique que le monde tourne me suffit.
Marion GUILLOT, Changer d'air, Minuit, 2015
Puisé dans le songe d'une nuit d'été :
Mais d'où vient ce doux accord avec le monde ?
L'ordre régit la musique, le même ordre
règle la place des étoiles et des plumes
sur l'aile d'un oiseau
Au centre de l'harmonie
Une musique des plus célestes
Telle est la vérité de l'univers.
Louis ZUKOFSKY, A (Section 12), Trad. S.Gavronsky et Fr.Dominique, Virgile, 2003
Jusqu'à la fin des fins écrire afin
de ne jamais se réveiller des mots
Croire accoupler les mots toujours comme des corps
Dans le murmure prolongé du jouir
Que tout se taise, rien ne parle,
dans le bordel amer de l'écriture
qu'il n'y ait plus d'autre miroir
qu'au dos des mains les tavelures
de l'âge...
Claude ADELEN, Aller où rien ne parle, Ed. Léo Scheer, 2001
On peut recevoir la grâce de l'invisible
sans dieu ni foi ni loi
sans autre tentation
que de lâcher la proie pour l'autre.
André VELTER, Du Gange à Zanzibar, Gallimard, 1993
On en écrit encore !
Notre façon à nous de vivre, en mémoire
En désir d'ailleurs que dans la vie,
L'été fut bleu et jaune,
Et tout éclaboussé de rouge
Coquelicots, lèvres, fleurs de robes,
Notre façon à nous de dire
Mille mercis à la lumière ardente
Qui crève les yeux des poètes :
"Regarde de tous tes yeux regarde !"
Puis dans les mots dépose
Les couleurs apaisées. À part toi célébrant
L'éloignement du monde : le jour se lève
Proclame chaque poème quand la nuit tombe
Et, larme, te sauve de la cécité.
Claude ADELEN, Aller où rien ne parle, Ed. Léo Scheer, 2001
À celles qui sont dans les musées
Les verticaux en foule vont et viennent
autour des taciturnes,
sur la dalle pâle traîne
leur ombre bavarde, paroles
Qui sonnent creux sont les corps
quand on toque à leur dos de bronze,
à leurs torses comme à des portes.
...
Claude ADELEN, Aller où rien ne parle, Ed. Léo Scheer, 2001
À la pointe du poignard
À la bouche du pistolet
Au bout de la corde
Sur le fil du rasoir
Et dans les collisions
La mort n'existe pas Elle est partout
Chaque cellule de mon corps est fleurie
D'une petite marque noire
D'un petit trou où l'air s'engouffre
La mort n'existe pas En soi
Mais si vous saviez comme mon agonie est longue
Avec ce poison dans le corps
Le pus le pou le pouls qui bat
Aux ordures la trottinette
Nous sommes le pus de Dieu
Cette bestiole qui lui dévore la cervelle
Quelle étrange consolation
...
André BENEDETTO, Urgent crier, Le temps des cerises, 2010
Viens, viens élargir la page, montrer enfin qui désirer et se mettre
En prière regard tourné vers la langue et cette étreinte ineffable.
Un espoir, un espace où toutes les lignes convergent enfin.
Anne CALAS, Déesses de corrida, Flammarion, 2019