J'ai quelque chose à dire de limpide et d'inconcevable
Comme un chant d'oiseau en temps de guerre.
...
Odysseas ELYTIS, Le soleil sait, trad. A.Ionatos, Cheyne, 2015
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
J'ai quelque chose à dire de limpide et d'inconcevable
Comme un chant d'oiseau en temps de guerre.
...
Odysseas ELYTIS, Le soleil sait, trad. A.Ionatos, Cheyne, 2015
La vie est un camaïeu d'oxydations ; depuis les plus lentes jusqu'aux plus rapides, et à la plus rapide de toutes : le feu, il y faut toute cette gamme.
Qu'une flamme y soit nécessaire, nul doute. Pourquoi ? Pour attirer le regard ? Pour attirer quelqu'un ? - Mais, aussi bien, pour vous-même. Pour brûler quelques déchets qui encombreraient vos tuyaux de vie. Pour nettoyer, faire place nette, réamorcer la vie.
Francis PONGE, Nouveau recueil, Gallimard, 1967
Je sais que tout cela n'est rien et que la langue que je parle n'a pas d'alphabet
Puisque le soleil comme les vagues ne sont qu'une écriture
syllabique que tu ne déchiffres qu'au temps de la tristesse et de l'exil
...
Odysseas ELYTIS, Le soleil sait, trad. A.Ionatos, Cheyne, 2015
Que Je soit un autre, voilà l'une des trouvailles récentes de l'homme à propos de lui-même, pour se rendre la vie difficile, pour s'inquiéter.
Vous croyez être ceci ? laissez-nous rire ; laissez-nous vous expliquer à vous-même. Vous êtes la proie de l'histoire (marxisme). Vous êtes un nœud de complexes (freudisme). Vous êtes un criminel, une vipère lubrique, un petit bourgeois (bolchevisme). Vous n'y pouvez rien. Vous êtes coupables (toutes les religions). Vous devez souhaiter votre propre destruction (dont nous nous chargerons si vous ne vous en chargez). L'Autocritique. La Confession.
Francis PONGE, Nouveau recueil, Gallimard, 1967
Ce n'est pas au galop,
mais au pas, et au pas seulement
que la terre-jument
progresse.
Le fouet ne lui fait pas presser le pas,
non plus que la prière
...
Milan RUFUS, L'inquiétude du cœur, La Différence, 2002
...
Tu vas dans la rue, et ton monde avec toi, et ainsi tu ne bouges pas. Tu peux te hâter, tu peux faire croire que tu te presses : tu es là au milieu de ton monde, identique à toi-même, toujours pressé et toujours immobile. Tu es assis en toi-même, face à ton reflet.
...
Gérard PFISTER, Blasons du corps limpide de l'instant, Arfuyen, 1999
Cent portes
ouvertes
sur
- on ne sait quoi.
Les arceaux
couverts de glycines,
les linteaux gravés
d'énigmatiques
blasons,
cent porches
de lumière
grands ouverts
en l'unique présent.
Et quel invisible obstacle
toujours nous empêche
de les franchir,
nous laisse
sur le seuil interdits ?
Gérard PFISTER, Blasons du corps limpide de l'instant, Arfuyen, 1999
il s'applique à prendre des notes sur un cahier, assis parmi les étudiants
il tique à peine quand le conférencier affirme que la poésie est là pour aggraver les choses et non les arranger ; qu'il faut meurtrir les mots, mettre la corde au cou du sens, aller ainsi jusqu'au brutal néant de tout
il pense à la beauté du jus très noir que les peintres obtenaient jadis en écrasant des scarabées
...
Jean-Claude PINSON, Abrégé de philosophie morale, Champ vallon, 1997