Fin réseau, artères
Nous avons dans le cerveau des éclairs
Dans la tête un arbre
Ses racines sont au ciel
Claude MINIÈRE, L'espace entre l'éclair et le tonnerre, Gallimard, 2022
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Fin réseau, artères
Nous avons dans le cerveau des éclairs
Dans la tête un arbre
Ses racines sont au ciel
Claude MINIÈRE, L'espace entre l'éclair et le tonnerre, Gallimard, 2022
le fleuve est là comme un mot oublié
qu'on a laissé vieilli / dont l'usage n'est plus
que rare ou précieux - poétique.
ah !
plus ne gonflent les eaux
les embarcations foisonnantes, les barque reliées, leur syntaxe rutilante
pleines de parlures, de cheveaux, de choses lourdes qu'on achète et qu'on vend, alors
pleines de sève. les voies
de commerce et communication ont déserté ces lieux.
Yann MIRALLES, Hui, Éditions Unes, 2020
Écris une vision de bonheur de paradis
avec les choses vues et entendues quand tu écris
les ruisseaux les cascades que tu dis
les Pindare Hölderlin & Claudel
ceux que tu étudies
et là-haut ou autour les trous noirs
l'énergie sombre du déploiement quand le poème cherche encore son titre
et vois : la poésie est toujours en-dessous
de la poésie
Claude MINIÈRE, Refaire le monde, Gallimard, 2021
L'homme cherche la lumière qui lui fait reconnaître les hommes sans même les toucher. Il cherche d'où elle vient, le feu qui la fait naître. Il cherche la nuit qu'elle éclaire. Car chaque homme porte avec lui une nouvelle vision du monde, il porte avec lui l'addition de toutes les visions que les hommes ont eues du monde depuis que l'homme existe.
Jean-Luc PARANT, Les animaux le retour, Fata Morgana, 2000
Nombres
recensements
depuis Abram
depuis l'initiale
et encore aujourd'hui dans le journal
têtes coupées ou comptées et contées
têtes de bétail ou d'hommes
je suis l'un
l'un dans l'autre
les morts ont de grandes douleurs
des clameurs dans la Fosse et sur terre
Ils sont dénombrés et sans nombre
ils sont des chiffres des symboles des ombres
traités de tous les noms et sans nom
Claude MINIÈRE, Refaire le monde, Gallimard, 2021
L'homme s'est projeté à partir du feu et a trouvé le jour. Il s'est mis debout et ses mains sont apparues pour trouver la nuit, et avec la nuit il a pu cacher le soleil et faire surgir la lumière de ses yeux. Il s'est mis debout pour s'éloigner du monde et pouvoir tenir le soleil entre ses doigts. Car l'homme s'est levé du sol pour avoir des mains et pour que ses mains puissent projeter ses yeux infiniment loin.
Jean-Luc PARANT, Les animaux le retour, Fata Morgana, 2000
il y a le rêve d'un poème pulsation
qui réponde à cet appétit
de répétitif & à la fois
au doux déploiement
dans le bleu / le velours
venant de ces années / nappe
hypnotique / tapement /
& nous pliés en elle
sommes pris
dans son pli
introspectif
Yann MIRALLES, Hui, Éditions Unes, 2020
Je ne sais pas, si un poème s'est fait, pas
seulement un fil qui court et qu'on suit, mais aussi
un bloc qui se construit et qui s'édifie, avec ses
creux, ses pleins, et son dehors et son dedans. - Ses hauts ;
son bas. Sa matière rêche et lisse, et sa densité différente
ici ou là, et tout ça. Bref. Je ne sais pas
si un poème s'est fait, je ne sais pas non
plus ce qui nous arrive, fieux, s'il nous arrive jamais
autre chose que de n'arriver jamais. Je ne sais rien.
Ivar CH'VAVAR, Hôlderlin au mirador, Le corridor bleu, 2020