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pourquoi écrire
pour dire
exactement
ce qu'on voulait dire
avant de commencer
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Raymond FEDERMAN, Coups de pompes, Le mot et le reste, 2007
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pourquoi écrire
pour dire
exactement
ce qu'on voulait dire
avant de commencer
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Raymond FEDERMAN, Coups de pompes, Le mot et le reste, 2007
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On garde son carnet et son stylo ouverts.
- Vous notez vos mémoires ?
Écrire est ridicule. Si on écrit on fait ses comptes, ceux du marché, du mois.
Mais pas ceux de sa vie.
On continue quand même à aligner ses chiffres, c'est-à-dire ses lettres.
On paraît moins vivant, on s'enfonce loin d'eux, qui sont dehors, à la surface, qui tiennent le bon bout de cette suite d'actes.
On extrait des fragments d'une suite, au hasard.
En vérité pas au hasard.
On les dispose, on les essaie, on les attache.
Jusqu'à ce qu'à son tour on tienne le bon bout.
Jusqu'à ce qu'à leur tour ils tiennent bien ensemble.
Marie ÉTIENNE, Roi des cent cavaliers, Flammarion, 2002.
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Mes mains écrivent, ici je fais le feu. J'y brûle les arbres des jours, les branches des heures, les épines des minutes vite sèches.
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Ariane DREYFUS, Quelques branches vivantes, Flammarion, 2001.
Contrairement à ce que j'ai toujours pensé, je m'aperçois qu'attendre d'être inspiré pour écrire, cela veut dire qu'on est un pur esthète. Dans ce cas en effet, l'inspiration n'est qu'un moyen, et c'est l'écriture qui est la fin. Ce qu'il faut au contraire, c'est écrire pour être inspiré. Si l'acte d'écrire n'inspire pas, s'il ne met pas dans cet état particulier qu'on évoque sommairement à l'aide du mot inspiration, qu'est-ce donc que l'acte d'écrire, sinon ce que j'ai toujours traité dédaigneusement du nom de littéraire ? Une pure besogne de confection plus ou moins bien réussie, selon qu'on aura été bien inspiré ou non.
Michel LEIRIS, Journal, Gallimard.
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flocons folle fumée
abondance de doute
il faut écrire au
milieu du désastre
devant le congélateur des phrases
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Bernard NOËL, in Extraits du corps, Poésie/ Gallimard, 2006.
Pour moi, écrire de la poésie, c'est comme descendre à la boulangerie et acheter mon pain.
Yehuda AMICHAÏ, cité ici par Emmanuel MOSES.
Si on apprend aux enfants à écrire de bonnes chansons, ils n'auront plus envie d'écouter de la merde.
Cette vérité profonde, parmi mille autres pépites, est à entendre dans le documentaire de France Culture Les mots d'Allain LEPREST.
Lui, le rossignol, une nuit de mai, la perfection de son chant me tient en éveil, et me comble, et finit de me persuader de ne plus écrire, - ou de m'obstiner follement à écrire, l'une et l'autre, pour lui, allant de soi, étant ressaisis par son chant, relancés par sa folie, le jaillissement de sa gorge touchant le silence...
Jacques DUPIN, Echancré, POL, 1991.