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  • LA RÉPLIQUE DE NÂZIM HIKMET

     

     

    Ce jardin, cette terre humide, ce parfum de jasmin, cette nuit de clair de lune

    continueront à étinceler lorsque j'aurai pris le large,

    car ils existent, liés à moi, avec moi et sans moi,

    en moi n'est apparue que la réplique de l'original.

     

    Nâzim HIKMET, Il neige dans la nuit et autres poèmes, Poésie-Gallimard 1999.

     

     

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  • CONDITIONS DE TRAVAIL

     

    conditions de travail,selecta,oasis,coca zéro


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    Plus fort que Caméra café !

     

     

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  • PAUL MORAND À HOLLYWOOD

     

     

    HOLLYWOOD

     

    Le nom est inscrit sur la colline, en majuscules de 10 mètres

    de sorte qu'on sait que c'est là.

    On peut garer sa voiture dans les terrains vagues

    mais pas plus de 2 heures,

    parce qu'ensuite on va construire une maison.

    Quant à acheter la maison, il ne faut pas y compter encore,

    elle ne sera pas finie avant le lendemain soir,

    à moins que ce soit un bungalow déjà habité

    qu'on apportera sur un camion, avec ses arbres, et le jardin.

    ...

     

    Paul MORAND, USA, 1927.

     

     

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  • PAUL MORAND DANS LE GAZ

     

     

    ...

    C'est parce que leurs racines paissent le gaz

    que l'ombre des marronniers est bleue.

     

    Paul MORAND, Feuilles de température, 1920.

     

     

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  • EMMANUEL MOSES : LES LÈVRES DU SOLEIL

     

    COUCHER DE SOLEIL

     

    Voilà la dernière lumière

    Bois son flot tremblant comme un nourrisson boit du lait

    Ou fonds-toi en elle comme une folle se jette dans le fleuve

    Après respirera le soir aux longs mouvements vers l'infini

    Après les bruits retentiront plus fort et tout sera cruel sous l'électricité

    Vois en elle une patrie nouvelle

    - Ou la dernière patrie

    Habite ici et repose-toi

    Serviteur de la vie

    Les heures qui viennent seront bien assez nombreuses

    Pour t'accorder au jeu des étoiles

    Loin de la terre tant aimée

    Appelle-la ta révélation

    Elle est un écho du temps

    Peut-être ne l'entends-tu pas encore ?

    Elle est sa pointe d'or

    Toi qui renonces à souffrir

    Et à courir derrière les ombres

    Couche-toi pour cette fois dans la lumière du bout du jour

    De ce phare éphémère qui fouille l'obscurité du corps

    Qui distingue l'âme chavirée

    Et frappe le cœur

    Unis-toi à son souffle riche de prodiges

    Comme tu t'es uni à des femmes

    Joins-toi aux lueurs du soleil perdu

    Qui sont les lèvres du soleil

     

    Emmanuel MOSES, Sombre comme le temps, Gallimard 2014.

     

     

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  • RADIO FRANCE, FRANCE 5 ET PAUL MORAND

     

    radio france,france 5,

     

    MIDI À GIBRALTAR

     

    À la batterie du Prince de Gallles,

    enclos par les cactus orthopédiques,

    un mortier victorien

    couvant ses boulets non éclos

    tend

    une croupe épaisse

    à la réverbération du ciment, à midi.

     

    L'impalpable charbon des soutes monte jusqu'ici

    et dépose sur les iris blancs.

     

    Cependant qu'à la station de T.S.F.

    l'opérateur à la chevelure de nickel

    se met à son clavier,

    car c'est soudain un crépitement

    (comme écraser des scarabées secs).

     

    Midi. Angélus radiotélégraphique.

    Nauen arrive,

    Carnavon arrive,

    Aranjuez aussi.

    À grandes foulées les ondes vont vers les antennes de Gibraltar

    en forme de lion.

    Par-dessus l'échine ébréchée du vieux rocher

    les mots s'ébattent.

    Indifférent,

    le fauve les laisse se loger dans sa crinière pelée

    et se rit de donner asile

    aux rêves d'amour international du Président Wilson,

    pour lui

    négligeables comme des poux.

     

    Paul MORAND, Lampes à arcs, 1919.

     

     

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  • COUCOU !

     

    Son unique et même rythme

    pourtant c'est en voyelles que dit le coucou

    d'un assumé contretemps

    tout son mépris des hommes

    pâle monnaie au fond des poches

     

     

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  • PAS DE NAUFRAGE POUR EMMANUEL MOSES

     

     

    LA MER INTÉRIEURE

     

    En chacun de nous il y a une mer

    Parfois on l'entend, parfois pas

    On peut la traverser, on peut s'y noyer

    On peut y lancer un message dans une bouteille

    Le poème est ce message qu'un autre nous-même trouvera un jour

    De l'autre côté de celui qu'on est

    Si un poème nous fait du bien c'est parce qu'on sait qu'il ira loin

    Qu'il sera ballotté

    Qu'il luttera contre des vents de travers

    Mais que pour finir il vaincra

    Parvenant sans encombre à son destinataire

    Qui n'est autre que l'autre nous-même

    Cet autre absolu

    Ce même absolu

    Il y a les femmes et leur corps mystérieux

    Il y a la cigarette qui est souffle, feu et poudre grise

    Qui est le trait d'union entre la bouche et le monde

    Et nous savons que la bouche est l'embouchure de l'âme

    Il y a les alcools forts au goût de baies ou de caramel

    Comme ils vous écorchent et vous fendent !

    Mais il y a avant tout le poème, plus mystérieux, plus incandescent, plus âpre encore

    Le poème qui est notre faim, notre soif, notre nécessité et notre désir

    Nous voulons nous fondre dans le corps et l'esprit de notre poème

    Nous voulons inhaler et réduire en poussière brûlante notre poème

    Nous voulons nous enivrer brutalement de notre poème

    La mer tempêtueuse qui nous déchire

    La mer docile qui nous miroite

    La mer translucide où nous voyons d'insoupçonnables trésors

    La mer noire comme un cauchemar qui ne finit pas

    Le poème y suit son voyage

    Il surnage

    A-t'on jamais vu un poème faire naufrage ?

     

    Emmanuel MOSES, Sombre comme le temps, Gallimard 2014.

     

     

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