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Poésie - Page 112

  • Le MAL de CAVE

    Dans "Le rêve dans une cave", Robert DESNOS fait valser les mots, les idées, les pensées, dans un bouleversant chavirement...

    D'un flacon brisé, monte l'odeur d'un vin. En ces parages une araignée se balance. Elle évoque une frégate, à sa proue une sirène la voue aux crocs des araignées, et ses voiles dans la nuit à présent convoquent une lavandière blanchissant les chemises, cependant que dans les boyaux gargouille de l'eau et qu'un proscrit songe au réconfort d'un lit.

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  • L'EFFET HAÏKU

    D'Hélène LECLERC (haïkiste canadienne): "Saisir l'instant, c'est attraper un papillon en vol. L'art du haïku est de le relacher sous forme de mots et de le voir s'envoler de nouveau."

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  • BAUDELAIRE du TEMPS

    En choisissant un mot anglais, pour définir l’humeur spéciale de l’homme moderne étouffé par son environnement, Charles BAUDELAIRE ne s’y est pas trompé. Son «spleen», outre la rate sécrétant la bile noire, évoque aussi bien la sombre et industrieuse Londres, que l’Amérique de la foule passante et des bruits mécaniques. Comme aujourd’hui, la langue anglaise est choisie pour résumer la modernité. Ce spleen remplace la «vapeur» des siècles précédents, trop connotée d’oisiveté aristocratique ou de langueur féminine.

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  • SOMMETS POETIQUES

    Pierre-Jean JOUVE écrit que "la Poésie est l’expression des hauteurs du langage". On imagine bien en effet un sommet où les vents vous enivrent, et d'où les nuages peuvent être vus du dessus. "Elle ne repose pas sur un nombre d’éléments sensibles comme la Musique. Embrassant par l’image, fruit de la mémoire, la totalité du monde virtuel, l’univers — elle est établie sur le mot, signe déjà chargé de sens complexe, et touchant une quantité incertaine du réel." L'image, par le filtre de la mémoire, donne sa densité au mot, au point d'aborder une totalité de perceptions.

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  • L'OEIL du POEME

    Les mots d'un poème ne désignent pas des choses qui leur seraient extérieures mais, à l'inverse, sont au fondement de leur réalité. Le poète ne fait ainsi que témoigner de leur révélation. Pour le dire autrement, François CHENG évoque l'utilisation par les poètes chinois dans leurs compositions d'un "mot-oeil" (tzu-yen), qui sortirait du boisseau ce que le poème cherche à éclairer.

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  • INCUBATION

    Selon René DAUMAL, un poème qui ne serait pas lu ne vaut pas plus qu'un oeuf pourri.

    Pas d'éclosion possible, sans la couvaison par le lecteur.

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  • ... Si BIEN SERVI...

    Un usage des poètes chinois (masculins) de la période Tang était d'exprimer leur sentiment amoureux par la bouche de leurs amantes, épouses ou courtisanes. Ce travestissement poétique, pour un lecteur occidental du IIIème millénaire, a de quoi surprendre.

    "Les femmes, c'est du chinois
    Les comprenez-vous? moi pas" chantait à ses débuts Serge GAINSBOURG.

    Eux, si.

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  • QUATRAIN-TRAIN

    On apprécie les vers sobres jusqu'à l'exsangue,
    Mais depuis deux cents ans, les poètes conduisent,
    Trop loin de l'humble charroi des vagabonds T'ang,
    Leurs interminables quatrains de marchandises

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