Que ta chute soit ton cheval, pour continuer le voyage.
Frankétienne, Melovivi ou le Piège, Riveneuve éditions, 2009.
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Que ta chute soit ton cheval, pour continuer le voyage.
Frankétienne, Melovivi ou le Piège, Riveneuve éditions, 2009.
Les fougères éternellement louent la majesté de la forêt
Frustration de la symphonie
son creuset prive le violon d'un solo
N'écoute pas ces voix qui ne cessent
de croître au chemin de l'hiver,
les lieux où le corps d'errance
en errance renonce à être corps
sont mortels, n'écoute pas ces voix
où le soleil pourrit, plus jamais.
Eugénio de ANDRADE, Le poids de l'ombre, La différence, 1986.
L'union de toutes les craintes fait la force d'inertie, elle blanchit les veines des hommes
leurs mains prises de paresse ne savent plus se tendre, ni pointer l'horizon
sous une chape de givre, leur volonté se fige devant des aurores éteintes
Les corps prennent dimension grandiose, mais c'est en échange de toutes nuances
Se couchant, le soleil les allonge aussi, mais ne promet qu'une nuit
de solitude, cernée de vie sauvage
Au plus sûr, c'est par étouffement qu'on efface les langues, qui coloraient les mappemondes
en les remplaçant par celles des vainqueurs, couverts soit de sang soit d'argent
ou sans autre ennemi que négligence, faute d'air dans nos paroles, de mémoire dans nos poumons
Au passage des fourmis, que de safranés moinillons, même nus pieds, prennent soin de les épargner
nous rengorge d'un espoir enfantin, mais comme dispersé d'un coup de pied ancien
Pourquoi faut-il le bizarre de ces défroques pour retrouver le chemin de ce Jardin ?
On l'appelle le livre des visages, on y voit des amis qui sourient, joie de vivre de ce siècle
Les pouces sont levés, comme gantés de velours, puis indistinctement semblent pointer le sol
devant qui rechigne à ce bonheur usiné