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  • Un BONGIRAUD VAUT MIEUX que DEUX ANGLES DROITS


    Pour Topa, qui déclarait hier ici-même sa méfiance des théories :


    Tout est à angle droit.

    Les boulevards, les immeubles,

    les théories, plus de courbes,

    de voies de dégagement,

    d'aires de contradiction.

    Uniformisation des jupes,

    des outils, des talents.

    Mais tout ce façonnage

    est du vent

    dans la cour du poème.

    Jean-Michel BONGIRAUD, Mots d'atelier, Le Dé bleu, 1997.



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  • Olivier BOURDELIER : MANIFESTEMENT SINCÈRE


    La poésie que je goûte et cherche dans mes lectures, celle aussi que je tâche de composer, me paraît répondre aux quatre caractéristiques suivantes :

    - L'émotion, l'intuition ou l'expérience qui fondent le poème sont intimement ressenties par l'auteur - ou le texte est froid, ou le texte est vain.

    - Le poème doit pouvoir être offert en partage à des lecteurs avec une chance raisonnable de réussite - si la réussite , c'est le rare bonheur d'une page d'un auteur ignoré, dans laquelle on perçoit d'un coup une évidence jusqu'alors insoupçonnée.

    - Son agencement validé au mot et au souffle près, le poème achevé est inaltérable. La plus infime retouche ne saurait que le trahir, l'appauvrir ou en fausser l'équilibre. 
Le poème abouti est un objet dynamique, animé d'un mouvement propre perceptible dès la première lecture, mais qui demeure insaisissable.

    - En allégeance ou dans la discordance, le poème s'inscrit dans une continuité. Il peut s'affranchir - mais on ne peut pas l'abstraire - de la tradition et de l'héritage, des premiers travaux de son auteur, du contexte du recueil... Au sein de cette continuité, le poète se doit d'apporter du neuf, de donner à entendre quelque chose d'inouï... 
Une conception de la poésie s'esquisse : ni définitive ni péremptoire, pas la seule qui vaille bien sûr - mais elle vaut pour moi.


    Olivier BOURDELIER, Considérations sur la rareté, Noniouzes.


    Toujours plaisant de glaner ailleurs (pas très loin : d'un voisin mayennais, en l'occurrence) des conceptions sur la poésie, dont on ferait bien un manifeste.




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  • Emily DICKINSON : les ESPÈCES COMMUNES


    Poète était celui-là - il

    Distille des sons ordinaires

    Le sens qui nous surprend

    Et la si haute essence


    Des espèces communes

    Qui meurent à nos portes

    Que nous nous demandons comment nous-mêmes

    Nous ne l'avons d'abord cueillie


    Le découvreur d'images,

    Le Poète, c'est lui,

    Qui nous laisse par contraste

    Que pauvreté sans fin


    Si inconscient de son partage

    Qu'un seul ne saurait le léser,

    Il est pour soi une fortune

    Tout extérieur au temps


    Emily DICKINSON, Trad. Alain BOSQUET.


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  • Michèle MÉTAIL : POÉSIE GÉNITIVE


    l'alphabétisation de la lecture du comité du directeur de la maison de l'édition

    la campagne de l'alphabétisation de la lecture du comité du directeur de la maison

    la tenue de la campagne de l'alphabétisation de la lecture du comité du directeur

    la bonne de la tenue de la campagne de l'alphabétisation de la lecture du comité

    la chambre de la bonne de la tenue de la campagne de l'alphabétisation de la lecture

    le député de la chambre de la bonne de la tenue de la campagne de l'alphabétisation

    l'immunité du député de la chambre de la bonne de la tenue de la campagne

    l'exemption de l'immunité du député de la chambre de la bonne de la tenue

    la grâce de l'exemption de l'immunité du député de la chambre de la bonne

    le délai de la grâce de l'exemption de l'immunité du député de la chambre

    l'attente du délai de la grâce de l'exemption de l'immunité du député

    la file de l'attente du délai de la grâce de l'exemption de l'immunité

    l'indienne de la file de l'attente du délai de la grâce de l'exemption

    la nage de l'indienne de la file de l'attente du délai de la grâce

    l'écrevisse de la nage de l'indienne de la file de l'attente du délai

    la marche de l'écrevisse de la nage de l'indienne de la file de l'attente

    l'escalier de la marche de l'écrevisse de la nage de l'indienne de la file

    la cage de l'escalier de la marche de l'écrevisse de la nage de l'indienne

    la claire-voie de la cage de l'escalier de la marche de l'écrevisse de la nage

    le barreau de la claire-voie de la cage de l'escalier de la marche de l'écrevisse

    l'avocat du barreau de la claire-voie de la cage de l'escalier de la marche

    le diable de l'avocat du barreau de la claire-voie de la cage de l'escalier

    la beauté du diable de l'avocat du barreau de la claire-voie de la cage

    l'institut de la beauté du diable de l'avocat du barreau de la claire-voie

    la coupole de l'institut de la beauté du diable de l'avocat du barreau

    l'académicien de la coupole de l'institut de la beauté du diable de l'avocat

    l'habit de l'académicien de la coupole de l'institut de la beauté du diable

    le vert de l'habit de l'académicien de la coupole de l'institut de la beauté


    Michèle MÉTAIL, extrait du Poème Infini


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  • Fred JOHNSTON : le FOND de la NUIT


    À minuit sur la rue du solstice


    Donne-moi ta main, le verglas est dangereux

    les voitures boitent et la nuit est noire comme le chagrin :

    nous pouvons mourir, par hasard, sur le miroir étoilé,

    sous un ciel rouge-noir, et soyeux comme la peau de ma bite -

    je suppose que le silence stident dans la rue est

    le bruit fait par la neige qui tombe sur les toits musclés,

    le lait gelé dans les bouteilles, des petites langues blanches

    qui avancent, explorent le visage d'hiver, la Négresse,

    Reine de la Lune ; au lit, tes cuisses sous mes doigts

    sont froides au toucher.


    Fred JOHNSTON, revue N4728 n° 17, janvier 2010.


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  • MÉSOPOTAMIE (définition)


    Mésopotamie : contrée qui tient son nom de l'habitude de ses habitants de tremper leur pain dans le bol le matin. Il est à noter que cette pratique est vivement déconseillée avant le coucher, ainsi qu'on le sait à Tripoli.


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  • OLIVIER de PIERREBOURG : un SILENCE de CORNE


    Le silence seul parle


    Par silence j'entends ce qui sourd de moi nécessairement, mots, phrases, dégagés du souci de se faire entendre, mots ou phrases détachés de l'envie de se faire aimer, du désir de jouer quelque personnage que ce soit. Tel souci, envie, désir, est un pervertisseur du langage. Bien sûr je ne suis pas idiot au point de penser que j'écrirais pour moi seul, qu'une très ancienne tentation de surpasser mon père n'a pas trouvé là son truchement, et que je n'écrirais pas pour que les yeux des femmes et des hommes brillent lorsqu'ils me regardent. Mais si le prix de mon effort est l'accomplissement de cela qu'au moins j'ai comme Rimbaud dans la Corne de l'Afrique pesé l'or sur une balance exacte.


    Olivier de PIERREBOURG, revue N4728 n° 17 janvier 2010.


     

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  • NOMADE (définition)

     

    nomade, adj. et n. : qui ne possède rien.
    En langage publicitaire : qui se déplace avec tout.

     

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