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rareté

  • Olivier BOURDELIER : MANIFESTEMENT SINCÈRE


    La poésie que je goûte et cherche dans mes lectures, celle aussi que je tâche de composer, me paraît répondre aux quatre caractéristiques suivantes :

    - L'émotion, l'intuition ou l'expérience qui fondent le poème sont intimement ressenties par l'auteur - ou le texte est froid, ou le texte est vain.

    - Le poème doit pouvoir être offert en partage à des lecteurs avec une chance raisonnable de réussite - si la réussite , c'est le rare bonheur d'une page d'un auteur ignoré, dans laquelle on perçoit d'un coup une évidence jusqu'alors insoupçonnée.

    - Son agencement validé au mot et au souffle près, le poème achevé est inaltérable. La plus infime retouche ne saurait que le trahir, l'appauvrir ou en fausser l'équilibre. 
Le poème abouti est un objet dynamique, animé d'un mouvement propre perceptible dès la première lecture, mais qui demeure insaisissable.

    - En allégeance ou dans la discordance, le poème s'inscrit dans une continuité. Il peut s'affranchir - mais on ne peut pas l'abstraire - de la tradition et de l'héritage, des premiers travaux de son auteur, du contexte du recueil... Au sein de cette continuité, le poète se doit d'apporter du neuf, de donner à entendre quelque chose d'inouï... 
Une conception de la poésie s'esquisse : ni définitive ni péremptoire, pas la seule qui vaille bien sûr - mais elle vaut pour moi.


    Olivier BOURDELIER, Considérations sur la rareté, Noniouzes.


    Toujours plaisant de glaner ailleurs (pas très loin : d'un voisin mayennais, en l'occurrence) des conceptions sur la poésie, dont on ferait bien un manifeste.




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