la manne
verticale
la Cène
horizontale
convives attablés
de jardin à cour
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
la manne
verticale
la Cène
horizontale
convives attablés
de jardin à cour
C'est la vie (Wim l'a dit) des anges que de se mouvoir dans une infinie absence d'absence d'étoiles, qui les illumine impuissants comme au passage d'un champignon, tous sens interdits, condamnés aux voies rapides des âmes des villes. Le désir répudie l'odeur de sainteté, exige que l'ongle s'incarne dans le goût du sang, le bas des ailes empesé par la boue des terrains vagues.
(Voici la vieillesse amèrement lucide, tristement insensible
au mouvement des croupes qui, dans le déhanchement de l'été,
pouvaient autrefois t'éblouir jusqu'à la damnation.
Voici la vieillesse qui traîne sa vie de jour en jour,
comme si le corps était le même qu'avant-hier
et elle regarde sans compassion ni haine ses bielles aujourd'hui usées,
la chair emprisonnée dans les geôles du rêve et d'une chemise.
Pourquoi vouloir vivre seulement pour se survivre,
s'il n'y a pas moyen d'obstruer les fissures de sa propre statue
détruite lors du transfert du paradis où, nue, doublée,
elle était fière de se soumettre aux codes charnels.
Mais la proximité de la faille ultime et accueillante,
cette conscience de précadavre, ce qui revient au même,
nous fait envier, pour n'être pas ressuscité à temps,
l'amour attaché à la mort,
l'un décorant l'autre,
tous deux se méritant.)
Jorge Enrique ADOUM, L'amour désenfoui, trad. F-M Durazzo, Myriam Solal Editeur, 2008
Alain Pauzié, Musée d'art naïf et d'arts singuliers, Laval, 2019
Sur quoi danser, on ne sait, et sur quel temps lorsque les temps changent, les habitudes valsent
la terre ferme se dérobe, le plancher affole les vaches, et les astronautes flottent comme au parc d'attractions
Le pied s'assure et se rassure, fait le compte de ses appuis et, d'aventure, foule les foules et se chausse de vent
Quelques courbettes et soudain sans hésitation, multitude de cercles enchâssés au moelleux des violons dans ses rondes traditions, s'est élancée la valse. Les façons s'épousent avec les manières pour que toujours tourne autour de son milieu ce monde bien circonscrit, tous feux éteints de l'amour, et le geste qui sauve du vulgaire, à moins que parfois ne cligne la canine acérée d'un guépard.
...
et Venise ! c'est tous les jours ma fête à Venise
où tous les ponts mènent à revoir
la danse aux moires aux ocres aux brouillards
et ces dentelles où penser glisse en barque
...
Ludovic JANVIER, Doucement avec l'ange, L'arbalète Gallimard, 2001.
Alain Pauzié, Musée d'art naïf et d'arts singuliers, Laval, 2019
oreillettes
de plage en plage
coquillages
sur l'océan
numérique
Hommage aux Upanishads
Sentir qu'on est Quelqu'un
Equivaut à conduire
Son propre corbillard en quelque sorte -
La destination est claire.
Je ne veux pas être
la peau du fruit
Ni la chair
Ni même la graine,
Qui ne ferait que devenir un autre
Fruit bien portant
Le secret celé à l'intérieur de la graine
Devient mon besoin, et ainsi,
Je me réduis au néant
A l'intérieur de la graine.
Au début il fait froid,
Je frissonne,
Plus tard arrive une touche de vérité,
Un ferment dans les ténèbres,
Et enfin une lumière qui agace.
Pour l'heure c'est assez
Que je sois libre
D'être le Moi en qui je suis,
Qui n'est pas Quelqu'un -
Pas, en tout cas,
L'ego mortel,
Mais l'oeil de l'oeil
Qui s'efforce de voir.
Nissim EZECHIEL, L'homme inachevé, trad. Emmanuel Moses, Buchet Chastel, 2007