Le singe (ou son cousin) le singe devint homme
lequel un peu plus tard désagrégea l'atome
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Raymond QUENEAU, Petite cosmogonie portative, Gallimard, 1969
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Le singe (ou son cousin) le singe devint homme
lequel un peu plus tard désagrégea l'atome
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Raymond QUENEAU, Petite cosmogonie portative, Gallimard, 1969
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On parle des bleuets et de la marguerite
alors pourquoi pas de la pechblende pourquoi ?
on parle du front des yeux du nez de la bouche
alors pourquoi pas de chromosomes pourquoi ?
on parle de Minos et de Pasiphaé
du pélican lassé qui revient d'un voyage
du vierge du vivace et du bel aujourd'hui
on parle d'albatros aux ailes de géant
de bateaux descendants des fleuves impassibles
d'enfants qui dans le noir volent des étincelles
alors de pourquoi pas l'électromagnétisme
ce n'est pas ce qu'il (c'est moi) sache très bien ce xé
les autres savaient-ils ce xétait que les roses
l'albatros le voyage un enfant un bateau
ils en ont bien parlé ! l'important c'est qu'ils osent
...
Raymond QUENEAU, Petite cosmogonie portative, Gallimard, 1969
Si je regarde longtemps ce chien
Plus personne ne mordra sur mon âme
Devenue impossible.
Il tire la langue, aveuglé
Puis repart
Pour faire voyager le malheur.
Béni soit son cœur de chien,
Son cœur ouvert.
Ariane DREYFUS, Une histoire passera ici, Flammarion, 1999
La hache à laquelle
il ne fallait pas toucher
Les arbres qu'on abat
juste après la pleine lune
Gérard MACÉ, Ici on consulte le destin, Le bruit du temps, 2021
Les livres ouverts
oubliés dans la forêt
Un monde qui renaît
dans la précision d'une feuille
Gérard MACÉ, Ici on consulte le destin, Le bruit du temps, 2021
la poésie
trans-prophète et catastrophe
crée
un souffle intermédiaire
dans l'ombre du discours
Michaël GLÜCK, l'imaginaire & matières du seuil, cadex éditions, 1996
Incroyable est de se croire
Vivant, réel, existant.
Incroyable est de se croire
Mort, feu, défunt, hors du temps.
Incroyable est de se croire
Et plus incroyable encore
De se croire, pour mémoire,
Un rêve, une âme sans corps.
...
Robert DESNOS, Contrée, 1943
...
quand la nuit dans la nuit
se tourne et retourne sans trouver
une pierre pour sa tête, un os
pour calmer ses chiens, les mots
bonheur, éden, azur, azur
ne sont plus que cailloux,
ronces où la langue se blesse
et chardons dans le jardin
du cœur (quand ce n'est pas déjà
la poutre et la corde pour celui
qui a baissé les bras trop vite
devant l'inaccessible, cet amour
sans cesse trahi, la beauté
promise à tous, et qui recule
jour après jour comme l'horizon,
et le corps à mesure se délite
qui connaît l'insupportable
final du morceau : cadavre
et pourriture parmi les roses)
Guy GOFFETTE, Un manteau de fortune, Poésie-Gallimard, 2001