Si vous tuez un poète
il renaîtra en mille chansons
Opéra de Moneim ADWAN, livret Fady JOMAR et Catherine VERLAGUET, 2016
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Si vous tuez un poète
il renaîtra en mille chansons
Opéra de Moneim ADWAN, livret Fady JOMAR et Catherine VERLAGUET, 2016
Ô vieil Hindou
Ta faim, ô vieil Hindou, est réelle et pas une image de la faim
comme chante le poète Kalos.
Elle est si réelle, ta faim, que si le poète qui te contemple ne te donne du riz, tu tomberas sur les pierres.
Ta chute sera réelle, ô vieil Hindou, et pas une image de la chute
comme chante le poète Kalos.
Si réelle, mon ami, que du sang jaillira de ton nez, si le poète ne
panse la plaie avec une pâte de figues.
Ton sang sera réel, ô vieil Hindou, et pas une image du sang, et
quand tu n'en auras plus ton cœur fera silence.
Et le poète soulèvera délicatement ta paupière, regardera ton œil
et dira que tu es l'image de la mort.
Mais toi, ô vieil Hindou, tu sera mort, réellement mort, si mort
que les mouches se jetteront sur ton odeur.
Alors, le poète Kalos, pour oublier ce mensonge, ira manger un plat poivré,
puis soufflera de l'air dans un bout de roseau.
David SCHEINERT, Sang double, 1962.
...
Était-il paysan ? Chasseur ? Poète ?
Il observait ces traces d'un monde inatteignable
Et semblait absorbé par une pensée qui l'assombrissait
S'il était paysan, il devait songer à sa moisson gâtée
S'il était chasseur, à son gibier manqué
Et s'il était poète, à des mots cherchés vainement
...
Emmanuel MOSES, Sombre comme le temps, Gallimard, 2014
Un éléphant se baladait dans ma cuisine
Je lui ai dit très gentiment
tu n'es pas ici chez un marchand
de porcelaine
tu es chez le poète
apprends à te conduire
et il disparut avec délicatesse sagement
...
Achille CHAVÉE, L'Enseignement libre, Éditions Haute nuit, Mons,1958.
- Ecris, toi, puisque tu es une sorte de poète !
Mon p'tit loup, 7 ans et demi, le 26 août 2012.
Poète était celui-là - il
Distille des sons ordinaires
Le sens qui nous surprend
Et la si haute essence
Des espèces communes
Qui meurent à nos portes
Que nous nous demandons comment nous-mêmes
Nous ne l'avons d'abord cueillie
Le découvreur d'images,
Le Poète, c'est lui,
Qui nous laisse par contraste
Que pauvreté sans fin
Si inconscient de son partage
Qu'un seul ne saurait le léser,
Il est pour soi une fortune
Tout extérieur au temps
Emily DICKINSON, Trad. Alain BOSQUET.
Dans le numéro 191/192 d'Action Poétique, Nathalie QUINTANE propose (illustrations finement gribouillées à l'appui) de résoudre le problème de la faible audience du poète:
"Mettre « roman » sur la couverture des romans
mais aussi
mettre « roman » sur la couverture des autres livres (pour brouiller les pistes),
assigner un poète à résidence dans chaque école, collège, lycée, pour que les élèves aient moins envie de brûler des voitures."
Etc.
"C’est la poésie qui vous tient par la main, le temps d’un poème. Le poète n’existe pas. Car il n’a aucun pouvoir sur la poésie. (Un sabotier mérite d’être appelé sabotier en ce qu’il a le pouvoir de faire des sabots quand il décide de se mettre à son établi.)"
(Paul de Roux, Au jour le jour, 3, Carnets 1985-1989, Ed. Le temps qu’il fait)
On peut aussi, au contraire, voir le poète comme un artisan consciencieux.
Et dès lors, la grâce, l'inspiration s'évanouissent. Ne reste que le labeur.
Et ce n'est plus la poésie qui prend le poète sur son aile, mais l'homme qui se fait, en même temps que son oeuvre.